On a tous besoin d'amour un jour où l'autre.. l-Bill-l

Le mannequin acquiesça d'un signe de tête. Evidemment, il n'irait pas déranger Tom même si ça n'allait pas, de toute façon, il n'en aurait pas la force. Il ne mangeait pas, il ne dormait pas, et sa côte le faisait souffrir. Rien n'allait pour lui ce qui provoqua une seule envie : mourir et se laisser aller sous cette atroce douleur. Bill le regarda monter puis ferma les yeux en essayant d'appeler le sommeil mais rien n'y faisait, Morphée ne voulait pas l'accueillir dans ses bras. Tant pis, il passera une nuit de plus les yeux ouverts, à attendre et ne rien faire.
Finalement, il se leva du canapé difficilement et se dirigea dans la cuisine. Il ouvrit tous les tiroirs jusqu'à trouver un ciseau et releva son tee-shirt pour pouvoir couper le skotch qui retenait son bandage et donc, se délivrer de cet emprisonnement. L'androgyne passa ses ongles sur sa peau et s'arrêta sur sa côte où il appuya très légèrement pour voir si ça lui faisait encore du mal. Evidemment, il poussa un petit cri de douleur. C'était tout simplement atroce. Il balança le bandage sur le canapé, il le remettrait plus tard, puis marcha un peu à travers la maison. Le pire, c'est que malgré tous ses efforts pour se fatiguer, ses yeux ne flanchaient même pas. Bill restait parfaitement eveillé.
Tiens, un paquet de cigarettes. Le mannequin le prit et en sortit une pour ensuite s'approcher de la fenêtre qu'il ouvrit. L'air frais pénétrait dans la pièce, le vent faisait virvolter ses cheveux noirs. Bill en soupirait de bien-être alors qu'il amenait la cigarette jusqu'à sa bouche. Il la coinça entre ses lèvres puis l'alluma. Rares étaient les jours où il fumait mais ça lui arrivait, quand il allait vraiment mal...

La nuit fût longue...très longue. chaque minute qui passaient semblaient être des heures. Les cigarettes que fumait Tom, Bill ne les aimait pas. Il s'avança donc jusqu'à sa veste pour prendre les siennes, à la cerise, et retourna à sa place pour en allumer une autre. Et ce, jusqu'à l'aube, à un intervalle plus que raisonnable.

Les bras de Morphée ne voulaient pas m'accueillir cette nuit.. une punition suite à ce que je m'étais fait?

*Pfff, j'le mérite....*

Je soupirai, le regard planté sur le plafond légèrement éclairé par la faible lumière provenant des lampadaires au dehors. Je voulus me retourner sur le côté de mon bras meurtri, et ce dernier me rappela vite à l'ordre. En gémissant, je me remis droit, dos contre le matelas. Je soupirai longuement et passai mes mains froides sur mon visage. La fatigue était là, mais impossible de fermer les yeux avec ma douleur.. et pourtant.. je finis par m'endormir à moitié, partagé entre deux mondes: le réel et l'imaginaire.
Un peu plus tard, mes yeux se rouvrirent. Complètement déboussolé, je me relevai en m'aidant de mes bras, et un de ces derniers me fit extrêmement mal. Je gémis et y portai une de mes mains. Je tombais sur un bandage mouillé.. j'en déduis que le sang l'avait traversé. Et merde.
J'allumai ma lampe de chevet et vis avec effroi que le sang s'était incrusté dans les draps. Mais quelle andouille je fais.. c'est pas vrai. Je soupirai et me levai péniblement. J'enfilai un tee-shirt car j'avais froid. Puis je sortis sans un bruit de ma chambre. Le calme régnait, Bill devait dormir. Je m'enfonçai dans la pénombre de l'appartement et me dirigeai sans faire de bruit vers la salle de bain pour y prendre un contre-douleur et de quoi refaire un pansement. Je partis ensuite vers la cuisine avec le tout... sans remarquer que Bill était complètement éveillé.
Je posai le tout vers l'évier, restant dans la nuit. Je ne voulais pas réveiller Bill avec la lumière. Bref, je commençai par soulever ma manche et enlever le pansement rougeâtre pour laisser ma plaie bien endommagée à découvert. Je grimaçai.. c'était pas très beau à voir. En plus, ça me faisait mal. Je me coupai ensuite un grand pansement dans un nouveau bandage, et je me mis à encercler mon bras qui saignait toujours. Je n'y étais pas allé de main morte ce soir...
Je soupirai et rabaissai la manche de mon tee-shirt. Ensuite, je sortis un verre que je rempli d'eau pour avaler le contre-douleur. Je grimaçai une nouvelle fois. J'avais toujours eus de la peine à avaler les médicaments. Après, je posai le verre dans l'évier et commençai à reprendre les affaires prises de la pharmacie dans le but de les ranger.

L'androgyne entendit des bruits de pas pendant la nuit. Ca ne pouvait être que Tom et cette fois, il n'avait absolument pas peur. Il était tellement dans ses pensées que rien ne pouvait le distraire. Ses pensées étaient figées sur Dougie, l'auteur de son mal-être et de son malheur.

Flash back

-Tu sais Dougie, t'es mon meilleur ami. J'me sens en sécurité avec toi. Je t'aime tellement.
-Je t'aime aussi Billou. J'te protègerais toujours mais vient, tu es fatigué il faut que tu dormes.

Les deux amis avaient dormis ensemble et enlacés cette nuit là. Bill s'était fait agressé verbalement par un étudiant l'année de ses 16 ans et Dougie avait été là, il était seul pour défendre son ami mais il n'avait pas lâché prise. Personne n'embêtera Bill.. C'est ce qu'il répétait sans cesse et en effet, quand le blond était là, personne ne touchait au petit brun.

Mais aujourd'hui, malheureusement, ça n'était plus comme ça. Oh si, Dougie défendait toujours Bill, il massacrait ceux qui osaient lui faire du mal mais à quoi ça servait si lui-même levait la main sur lui?
Ce soir là, Douglas et Bill étaient prêts à faire l'amour sauf qu'étrangement, ce n'est pas le mannequin qui à tout coupé mais bel et bien le bassiste. Il avait senti la peur chez son ami.

-J'suis désolé. J'ai peur tu as dû le sentir mais si tu as vraiment envie Dougie, j't'empêche pas d'aller ailleurs..Attends pas pour rien.
-Je le ferais avec toi ou je le ferais jamais!

Et Bill n'eut pas le temps de répondre qu'il se faisait déjà frappé jusqu'à sentir une côte se broyer à l'intérieur de lui. Comment est ce qu'ils ont pû en arriver là?...

FIN FB

Quelques larmes perlèrent au coin des yeux de l'androgyne mais il ne les laissa pas couler. Il passa furtivement son poignet par dessous puis jeta son mégot par la fenetre avant de la refermer lentement pour ne pas faire de bruit. Heureusement, l'odeur de la cigarette n'était pas abondante et l'intérieur de l'appartement ne sentait presque pas du tout. Un mal de tête prit place. Bill posa sa main sur son front puis soupira profondément avant de se lever et voir une silhouette non loin de lui, dans la cuisine. Tiens, il ne l'avait même pas entendu. Il s'approcha lentement de son double mais s'arrêta bien vite en voyant ce qu'il était en train de faire. Du sang, une entaille atroce, un bandage. Bill n'est pas dupe, ça, ça n'était pas sur le bras de son jumeau quelques heures auparavant. Il plaqua sa main sur sa bouche, etouffant un petit cri de surprise et retenant en même temps sa respiration qui pourrait se faire bruyante à travers ce silence incroyable.
Le brun attendit que son frère ait terminé pour s'approcher de lui et lui demander, innocemment.

-Tu aurais pas un cachet pour la tête?

Bill faisait vraiment peur à voir. Non seulement il était plus maigre que jamais, des cernes importantes étaient logées sous ses yeux, et son mal de tête faisait pâlir son visage pourtant maquillé.

*Si t'as fais le con Tom..Tu vas m'entendre.*

Bill espérait de tout coeur qu'il ne s'agisse pas de ce qu'il pensait. Il verrait bien mais il allait mener sa petite enquête tout en posant quelques questions à son frère, discrètement.

-Tu t'es blessé?

Alors que mon bras me lançait au possible et saignait toujours, je terminai de prendre les affaires de la pharmacie. J'étais prêt faire demi-tour et retourner dans la salle de bain pour ranger le tout quand j'entendis la voix de Bill. Je sursautai et relâchai le tout dans l'évier. Le coeur battant à mille à l'heure, je me retournai pour le regarder.

- Tu m'as fait peur..

Je lui fis un mince sourire, tentant de ne pas me soucier de la douleur que me procurait l'entaille dans mon bras. Il me demanda un cachet pour la tête. Je devais surement avoir ça dans la salle de bain. Excuse valable pour éviter une quelconque question quant à ma blessure "souhaitée". Soulagé, je m'apprêtai à partir vers la salle de bain, reprenant ce qui était tombé de mes mains peu de temps avant.

- Oui bien sure. J'vais t'en chercher un.

Je me tournai complètement vers l'évier pour prendre ce qui restai dans mes mains. Mon bras battait comme un tambour, j'avais l'impression que mon coeur s'y était logé. J'avais mal, très mal, mais je n'en fis rien. Je ne devais pas éveiller les soupçons chez mon jumeau.

-Tu t'es blessé?

Je me stoppai net.

*Et merde...*

Vite, je dois trouver quelque chose à dire. Un mensonge.. je suis obligé. Je sais bien que je ne devrai pas mentir à Bill, mais là, c'est obligé, obligé, obligé! Heureusement, comme j'étais habituer à inventer des excuses côté études, il me vint vite une idée. Je me tournai vers mon frère et acquiesçai d'un signe de tête avant de lancer mon excuse bidon.

- J'ai voulut aller sur mon balcon et j'avais oublié que j'avais brisé une bouteille l'autre jour et qu j'avais pas enlevé les débris. Et manque de bol, je me suis encoublé.. ça a pas raté.

Mon excuse était, certes, nulle, mais ma voix était si sincère et si assurée que n'importe qui m'aurait cru. Le problème, c'est que Bill n'est pas n'importe qui.. j'espère qu'il n'y verras que du feu.

Le brun ecquiessa un léger sourire à son frère en réponse au sien. Evidemment, l'androgyne n'attendait qu'une chose : la réponse à sa question. Tom s'était blessé, c'était obligé. En entendant sa réponse, le brun fût largement destabilisé, il se serait attendu à ce qu'il soit maladroit, que son double soit plus mal à l'aise mais non, même pas. Il serait donc sincère? En tout cas, Bill l'espérait, lui qui ne supportait pas le mensonge aurait du mal à pardonner à Tom. Après tout, lui était venu chez son double dans le but de se confier, il avait tout dis. Tout ormis le nom de son agresseur mais il n'avait pas menti. Il avait été sincère en disant qu'il ne préférait rien dire.
Bref, le mannequin acquiesça d'un petit signe de tête puis débarassa Tom de tout ce qu'il avait dans la main.

-Tu as tout ramassé? J'peux t'aider si tu veux..

Hum, etrange quand même. Bill n'avait rien entendu alors qu'il ne dormait pas. Pourtant si Tom s'était fait mal, il l'aurait sûrement entendu, ne serait-ce que le bruit des bouts de verre.
Cette question permettrait à l'androgyne d'être certain que son double ne lui mentait pas. Evidemment, il avait confiance en lui mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il pouvait aussi être trahi par son frère. Dougie l'avait bien fait lui.
L'androgyne s'approcha des escaliers, prêt à grimper et prendre son cachet en même temps qu'il raccompagnerait son double jusqu'à sa chambre.

-J'espère que tes cachets sont efficaces. J'ai super mal.

- Tu as tout ramassé? J'peux t'aider si tu veux..

Super, sa question me déstabilisa complètement. Et pourtant, cela ne fut pas trahi sur mon visage qui resta impassible montrant juste quelque peu la douleur que je ressentais au bras. Je répondis ensuite d'une voix tout autant assurée qu'auparavant, pour ne pas éveiller les soupçons chez mon frère:

- J'ai ramassé, c'est bon... j'l'ai fait directe pour ne pas oublier. J'évite de me re-blesser comme ça.

Je ne dis rien quand il me prit tout ce que j'avais en main. Je pus, inconsciemment, porter ma main sur ma plaie. Je sentais le sang battre sous ma paume et devinait tout de suite que le sang coulait encore abondamment. Je crispai un peu mon corps sous l'effet de la douleur. Je crois que ce soir, mon ciseau avait été planté trop loin, contrairement aux autres fois. Qu'est-ce qu'il m'a prit? C'est pas vrai...
Je soupirai doucement et redressai la tête pour voir que Bill se dirigeai déjà vers les escaliers. J'entendis à peine sa phrase car j'eus soudainement un affreux doute qui me fit énormément peur. Est-ce que j'avais rangé correctement la salle de bain? Je ne m'en rappelai plus.. si Bill monte et découvre ce que j'ai fait, je peux tirer un trait sur notre liaison fraternelle, je le vois venir...
Et là, encore une fois, je fis mon maximum pour dissimuler cette peur. Mais ce fut plus maladroit. J'accourus vers Bill et le dépassai tout en tentant de le retenir par la voix. Ma main serrait toujours mon bras.

-Attends, te fatigues pas. Je vais t'le chercher et je te l'amène.

J'escaladai rapidement le reste des marches et, dans le doute que mon frère me suive peut-être, je me précipitai dans la salle de bain. Le soulagement: Il n'y avait aucune trace de mon acte, j'avais tout rangé et tout nettoyé. Je soupirai discrètement et ouvrit la pharmacie pour sortir un médicament contre les maux de tête, sans même penser que Bill m'avait peut-être suivit.

Evidemment, Bill s'en doutait, ses questions pièges n'avait pas fonctionné. Tom était resté impassible. Le brun soupira silencieusement puis hocha la tête pour acquiesser ses dires puis continua son chemin jusqu'à la salle de bain. Le moment où son double le dépassa tout paniqué le fit douter grandement. Pourquoi il se depêchait comme ça? Il avait quelque chose à cacher? Si l'androgyne avait horreur d'une situation, c'était bien celle là, celle où son frère avait un comportement étrange avec lui et qu'il avait l'impression d'être soudainement rejeté, de ne plus connaitre les problèmes de son jumeau, s'il en avait. Il avait l'impression de ne plus faire partie de sa vie, que ces années de séparation les avaient bien trop éloignés.
Tant pis, Bill laissa tomber, il n'avait pas que ça à faire:courir après Tom alors qu'il savait pertinemment qu'il n'obtiendrait rien. Il s'adossa contre un mur et attendit que le dreadé ressorte avec le cachet.

-Merci..

Le brun s'efforça de lui sourire très légèrement puis redescendit les marches de l'escalier tranquillement avant de se rendre dans la cuisine. Là, il ne se gêna pas pour prendre un verre et le remplir d'eau avant de mettre le cachet blanc dans sa bouche et le laisser glisser le long de sa gorge grâce au liquide transparent. Il reposa ensuite le verre dans l'évier puis posa sa main sur son front tout en fermant ses yeux. Son mal de tête était bien douleureux maintenant. Le mannequin soupira profondément puis s'avança jusqu'au canapé où il était auparavant installé pour s'y laisser tomber et prendre sa tête entre ses mains manucurées. Tout ce qu'il demandait, ce n'était rien d'autre que pouvoir passer une nuit tranquille, pouvoir fermer les yeux rien qu'une heure même, ça lui conviendrait.

*Putain, j'en ai marre...*

Le brun attrapa son bandage qu'il avait défait quelques minutes plus tôt puis le fit tourner entre ses doigts, le fixant des yeux. Faudrait qu'il pense à le remettre mais c'était tellement plus agréable d'avoir un ventre libre, sans sentir cette texture le gratter horriblement.

Le médicament en main, je me tournai et vis que Bill ne m'avait pas suivit. Ouf, mon comportement n'avait pas dut lui sembler étrange à première vue.. heureusement, je n'aurai pas à subir ses questions pièges comme cela. Bref, je soupirai de soulagement et me remis à marcher, ré-agrippant mon bras avec ma main. Je rejoignis mon reflet et lui tendis le cachet qu'il prit rapidement.
Je me forçai à lui sourire légèrement, malgré la douleur, en guise de réponse. Ensuite, je lui lançai un simple:

- J'vais m'coucher...

Et je retournai dans ma chambre alors que lui descendait. Quel ne fut pas mon soulagement quand je vis qu'il n'insistait pas. Enfin, j'aurai surement le droit à des questions venant de sa part demain.. Mais je n'y pense pas.
Quelque minutes plus tard, je suis allongé dans mon lit, dans le noir. Je sens que la fatigue me prend de plus en plus, engourdissant tous mes membres. Ma main est toujours crispée sur ma plaie recouverte du pansement. Je sens que le sang bat plus fort que jamais. Mais je n'y pense pas, non. Tout ce que je veux, c'est dormir, je suis trop fatigué. Et heureusement, les bras de Morphée m'enveloppèrent très, très rapidement.
Heureusement? En fait non.. malheur à moi de m'endormir ainsi. Je ne sentais pas le sang s'écouler encore et encore sous mon pansement. Le liquide rouge finit par traverser la "barrière" et s'écoulait sur mon bras pour rejoindre la blancheur du matelas, et ça tout le reste de la nuit..
Le lendemain matin, mes yeux ne s'ouvrirent pas. La perte de sang était trop importante...

Toute la nuit, Bill avait tourné en rond dans le salon. Toute la nuit il avait repensé à cette scène entre lui et son meilleur ami. Toute la nuit, il avait versé des larmes à n'en plus finir. Résultat, le cachet que lui avait donné son double n'avait servi à rien. Son mal de tête avait carrément doublé d'intensité à cause de ses pleurs. Le mannequin soupira profondément une énième fois puis s'allongea sur le canapé jusqu'au lendemain matin. Evidemment, Morphée n'était pas décidé à l'accueillir, Bill se leva donc sans vraiment connaitre l'heure. Il se dirigea dans la cuisine puis monta avec un verre d'eau jusque dans la salle de bain. Il n'aimait pas faire comme chez lui mais il n'avait pas le choix puisqu'il avait cette sale impression que sa tête allait exploser. Il chercha un cachet dans la petite armoire puis l'avala aussitôt.
Bill ressentit le besoin d'être proche de son frère, il sortit de la pièce où il se trouvait puis poussa la porte de la chambre de son double. Les rayons du soleil éclairaient déjà la pièce, il ne devait pas être si tôt que ça alors. Le mannequin dégagea légèrement la couette pour s'assoir mais une énorme tâche de sang attira son regard, evidemment, il étouffa un cri en plaquant sa main devant sa bouche puis fit un bond en arrière.

-Tom!

Bill se jeta près de lui et tira entièrement la couverture. Cette vision était tout simplement affreuse. Il voyait le bras de son reflet ensanglanté malgré le pansement, ses yeux clos et son visage pâle. Il courra vers la salle de bain pour chercher des ciseaux et coupa son bandage dans toute sa longueur.

-Tom!!TOM!! Reveille toi!!

Bill était complètement paniqué. Lui qui déjà, était faible et complètement désemparé, il devait encore sentir son coeur se déchirer à cause de son double qui n'ouvrait pas les yeux malgré ses hurlements. Le brun le secoua gentiment quand même puis se depêcha de sortir son téléphone pour appeler les secours..
Une fois chose faite, il retira son tee-shirt et le plaqua sur la plaie profonde. N'ayant trouvé autre chose, il préferait se retrouver torse nu plutôt que d'attendre qu'il se vide de son sang.

*Putain, depêchez!!*

-Tomi..

OEIL EXTÉRIEUR

Malgré les supplications de Bill, le dreadeux n'ouvrit pas les yeux. Le sang continuait de s'écouler de son bras pour s'enfouir dans le tissu que l'androgyne pressait contre la profonde entaille qui crachait sans relâche sa bave rouge. Tom, lui, ne sentait rien, n'entendait rien. Il était partit. Son corps était comme sans vie, son visage était plus cadavérique qu'un mort et son coeur battait de plus en plus lentement. Bref, sa perte de sang avait engendré un grand choc physique.
Heureusement, les secours ne tardèrent pas trop à venir. Ayant passé la porte d'entrée sans sonner, il s'était guidé grâce à la voix suppliante qu'employait Bill pour réveiller son jumeau gravement blessé. Ils arrivèrent à l'étage et éloignèrent Bill directement du corps "sans vie" du poulpe. Après de rapides consultations, ils décidèrent de l'emmener à l'hôpital. Sa blessure était trop important pour être soignée sur place.
Bien sure, avec insistance, Bill réussit à gagner un aller simple à l'hôpital pour rester prêt de son reflet.

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Environ deux heures et demi plus tard, Tom fut remonté de la salle d'opération. Il n'a pas été opéré mais on lui a simplement refermé la plaie. Maintenant, son coeur battait à vitesse constante mais basse et deux perfusion étaient implantées dans chacun de ses bras, reliés chacune à deux poches: une de sang et une contenant un liquide incolore servant à le "nourrir". L'endroit de la plaie était entouré d'un grand bandage blanc cassé, tissu qui dissimulait sa plaie recousue.
Quand le jeune allemand fut installé dans une des chambres, les médecins le laissèrent, endormi sur son lit d'hôpital blanc. Un des hommes partit dans une autre sens, pour rejoindre Bill dans la salle d'attente et lui dire que Tom avait été remonté de la salle d'opération. Il lui expliqua les circonstances, comme quoi son état était stable mais qu'il était affaibli suite à la perte de sang. Ce n'était, cependant, rien de grave.
Sur ce, il donna l'accord à l'androgyne de rejoindre son double, sans pour autant le réveiller. Il avait besoin de repos. Puis il le laissa seul, appelé pour un autre soin ailleurs.

L'androgyne enfila très rapidement un tee-shirt quand les ambulanciers l'autorisèrent à monter avec eux. Evidemment, il ne se fit pas prier pour s'exécuter et s'installer à l'arrière de la camionnette, à côté de son double et lui prendre la main pour la serrer bien fort. Le medecin fronça quelque peu les sourcils en demandant au mannequin de s'éloigner un peu pour qu'il puisse s'occuper de lui encore et encore et ce, jusqu'à ce qu'ils arrivent tous dans la grande bâtisse blanche.
Là haut, Bill dû attendre encore, dans l'ignorance, pendant des minutes, des heures, il n'en savait rien. Il avait complètement perdu la notion du temps. C'était insupportable. Cependant, quand le medecin s'approcha de l'étudiant pour l'autoriser à aller voir son frère, il montra fièrement son léger sourire avant de se lever et se précipiter vers la pièce plutôt morbide. C'est encore un corps presque sans vie qui s'offrait à lui. Et malheureusement, Bill ne pouvait rien faire, hormis attendre qu'il ouvre ses yeux et s'explique plus clairement. Pourquoi cette blessure si soudaine? Pourquoi cette précipitation pour entrer dans la salle de bain? Pourquoi cette maladresse dans ses paroles? L'androgyne doutait oui. Et bien qu'il se haïsse de douter et pire, de ne pas croire son double.

*Reveille toi..*

Le mannequin baissa timidement ses yeux puis les releva quelques secondes plus tard pour les poser sur les machines qui l'entourait. Celles-ci affichaient son rythme cardiaque, les battements de son coeur et ce *bip* régulier rendrait fou n'importe qui, toute comme la respiration du blessé qui était bien trop lente et bien trop silencieuse. C'était insoutenable pour l'androgyne qui aimait son frère plus que tout.

*Allez! Tom..*

C'était simple, si Tom se laissait partir, Bill ne pourrait pas vivre. Affronter seul son meilleur ami, continuer sa vie sans son frère? Ca n'avait aucun sens et c'était impossible. L'étudiant ne vivait que pour eux et ses amis.

O.E., TOUJOURS

La présence de Bill ne changea rien. Simplement parce que le blessé ne ressentait rien. C'était comme si son âme s'était enfuie de son corps pour rejoindre les ténèbres de la mort, sauf que la faucheuse n'avais pas accueillit Tom. Il dormait simplement profondément, mais ses battements de coeur lents et régulier ainsi que sa faible respiration et son teint cadavérique pouvaient laisser croire qu'il marchait aux frontière de l'autre monde.
Seules les respirations -lente pour Tom, à eu près normale pour Bill- des deux jumeaux se faisaient entendre dans la pièce, accompagnées des lents *bip* qu'émettaient les machines et des *lic* régulier du goutte-à-goutte des perfusions. Bien morne...
Ce ne fut qu'une bonne trentaine de minutes qu'une réaction se montra du côté du blessé...

FIN O.E.

Mes yeux s'ouvrirent très légèrement. La luminosité portée par le blanc m'entourant me referma directement les paupières. Où est-ce que j'étais pour être entouré de blanc ainsi? Je tentai de me rappeler... ma mutilation.. j'étais mort alors? Non, c'était impossible. Je ne voulais pas mourir.
Je rouvris mes yeux, suffisamment pour voir et comprendre, après quelques longues secondes, que j'étais à l'hôpital. Bravo Tom...
Je tournai très doucement la tête et je devinai, dans le flou qui brouillait ma vue, les traits du visage de mon frère. Je parvins, dans un grand effort, à bouger ma main jusqu'au bord du lit, vers mon reflet.

- Billou..., murmurai-je, la voix affaiblie.

Le seul fait de bouger le bras ainsi me fit mal. J'arrêtai donc tout mouvement, alors que je ne voulais qu'une chose: sentir la main de mon frère dans la mienne, sa peau contre la mienne.
Je toussai doucement et refermai mes yeux en soupirant faiblement. Je rouvris mes paupières peu de temps après. Je me sentais horriblement affaibli, sans aucune force. Je ne savais même pas ce que je faisais ici.

- Où est-c'qu'on est...?

Je le savais oui, on était à l'hôpital. Mais j'espérais que Bill allait m'expliquer la raison de notre venue ici et de cette énorme fatigue et ce manque d'énergie en moi.

Des minutes interminables s'écoulèrent jusqu'à ce que Tom ouvre enfin ses yeux. Evidemment, Bill ne s'en rendit compte que lorsque son surnom fût prononcé. Son premier reflex fût de le regarder et ecquiesser un petit sourire tout en approchant sa main de la sienne. Il n'allait pas être trop dur non, même si l'envie qui prenait part en tout son être en ce moment même était de lui demander et même ordonner de donner des explications. Il avait vu la blessure et ça n'était pas une blessure qu'une bouteille pouvait faire. Il glissa sa main manucurée sous la sienne, sans la toucher puis détourna son regard, sans prononcer un mot. Si Tom pensait que l'androgyne allait parler, il se trompait. Il ne prononcerait pas un mot sans avoir la vérité, il ne dirait rien, il ne bougerait pas. Et Tom savait à quel point son frère pouvait être têtu et borné. Il soupira profondément puis regarda les machines annonçant que son rythme cardiaque avait très légèrement augmenté depuis que son double avait ouvert les yeux. Le mannequin était rassuré, son frère était en vie, tout allait bien mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il lui avait caché quelque chose d'important et qui lui aurait sûrement coûté la vie si Bill n'avait pas eu l'idée de rejoindre son Tomi. L'étudiant se leva lentement et fila appeler une infirmière dans le couloir pour qu'elle s'assure que tout allait bien. Une série de questions s'en suivirent.

-Il a ouvert les yeux quand?
-Y'a deux minutes.
-J'vais voir ça.

Le bel androgyne acquiessa d'un léger signe de tête puis marcha derrière la jeune femme, les mains dans les poches et l'air tranquille malgré son inquiétude, pour enfin rentrer dans la chambre blanche et morbide. Il se mit dans un coin en attendant qu'elle vérifie tout puis s'avança quand elle ressortit en les rassurant, visiblement sûre d'elle.

-Tout va bien, si quelque chose vous semble étrange, faites moi signe.. Et vous jeune homme, reposez vous, ne faites pas d'efforts.

Bill retourna alors s'assoir près de son double puis croisa ses bras contre son torse, le regard posé sur lui et le visage neutre.

De la froideur.. c'est ce que je ressentais venant de Bill. Il devait surement se douter de quelque chose, ce qui expliquait le fait qu'il était un peu sur les nerfs. C'était bien moi aussi.. trouver un prétexte aussi bidon. Comme si un simple bris de verre pouvait me transpercer la peau à une telle profondeur.

*Crétin...*

Je refermai mes yeux en soupirant. Un soupir de fatigue mais aussi de désespoir. Je savais que le quart d'heure à venir n'allait pas être joyeux pour moi. Mais une fois encore, je saurais me justifier.. même si mes propos ne convaincront pas mon double.
Quand Bill sortit pour chercher une infirmière, je voulus me redresser quelque peu dans mon lit. Mais à peine me fus-je appuyé sur mes mains pour m'aider à me relever que je sentis une énorme douleur me prendre le bras. Douleur qui me dissuada bien vite de me redresser dans mon lit.
L'infirmière revint avec Bill et effectua plusieurs tests, tous plus désagréables les uns que les autres ((je rappelle que je déteste les hôpitaux)), puis elle nous laissa seuls en soulignant le fait que je devais me reposer. Sans dèc? Après ce qui m'est arrivé je dois prendre du repos? Tu m'en diras tant...
Je refermai les yeux en soupirant péniblement, laissant une grimace me prendre le visage. J'avais mal au bras à présent. Une forte douleur qui m'agaçait assez. C'était insupportable de sentir son membre prisonnier de la sorte par un bandage alors qu'on avait mal.
Je rouvris mes yeux peu de temps après et regardai Bill. Il avait les yeux posés sur moi, l'air impassible. Su-per.. je sens que ça va barder.. tant qu'à faire, mieux vaut qu'il ne cultive pas trop longtemps son énervement. Alors je fais un effort, et je me mets à parler, faiblement à cause de mon manque de force.

- J'pense que.. tu attends des explications...

Je toussotai doucement et voulus une nouvelle fois me redresser. Tout ce que je réussis à obtenir, ce fut un gémissement franchissant mes lèvres légèrement gercées. Je me remis donc allongé, grimaçant de douleur. Puis je re-regardais mon reflet pour commencer mes explications qu'il ne comprendra pas.

- T'as très bien compris que je t'ai menti.. c'était parce que j'avais peur que tu m'en veuilles.. mais bon.. de toute manière, même si je m'explique, j'userai ma salive pour rien. Tu comprendras pas.. simplement parce que tu n'as pas vécu ce que j'ai vécu...

Des explications? Et comment. Bien evidemment que Bill n'attendait que ça. Il voulait savoir pourquoi Tom lui avait menti, pourquoi il n'était plus comme avant lorsqu'aucun des deux n'avait de secret pour l'autre. Pourquoi est-ce qu'ils ne vivaient plus la même chose qu'au moment de leur tendre enfance. Tout ça, ça bousillait l'androgyne de l'intérieur. Il aimait son frère plus que tout et ce dernier semblait de plus en plus distant, de plus en plus étranger. Ses sentiments? Peut-être qu'ils en étaient la cause, sûrement même mais puisque ça ne se contrôle pas.. Pourquoi est ce qu'il fait "payé" au mannequin qui ne demande rien d'autre que l'amour de son frère. C'est vrai que lui aussi doit souffrir de ça, c'est tout à fait normal d'ailleurs mais au lieu de se soutenir, de s'aider et de s'aimer, ils se faisaient du mal. Inconsciemment, heureusement.

En entendant Tom commencer à parler, le mannequin s'humidifia les lèvres sans le quitter des yeux, du début à la fin. Si seulement le dreadé pensait que Bill allait lâcher l'affaire, il se trompait totalement, il ne lâcherait pas, mais il ne parlerait pas non plus. Billou savait être têtu et devenir une vraie tête à claques quand il le voulait.
Voyant que son double s'arrêtait en pretextant que Bill ne comprendrait pas, il sentit une boule se former dans sa gorge. Il avait toujours comprit son frère, il avait toujours été là pour lui et voilà que maintenant, son ainé doutait. Avant, ils ne se cachaient absolument rien et aujourd'hui, Tom avait des secrets envers son double. Ca le rendait fou de rage mais ça l'attristait énormément en même temps. Bill leva les yeux au ciel puis laissa un long souffle s'échapper de ses narines, reposant son regard sur lui.

*J'ai pas vécu ça alors j'peux pas comprendre...tu m'en diras tant...*

Le brun se leva lentement puis se dirigea vers une chaise où il posa son fessier. Il croisa ses bras contre son torse -en faisant très attention à sa côte, d'ailleurs il avait encore oublié de remettre son bandage-, ses jambes et attendit que Tom parle ou se taise..Il le voyait souffrir, il ressentait sa souffrance aussi étrange que cela puisse paraitre. Il savait que le dreadé avait du mal à se redresser, à parler, il voudrait l'aider mais il n'en eut pas la force. Ni la force de bouger, ni la force de parler, ni la force de le rassurer. Bill souffrait beaucoup trop moralement pour faire des efforts surtout qu'il était certain qu'il n'obtiendrait rien de son reflet, y compris les explications.

» Besoin de calme. |-Kyle-|
» Besoin de se detendre au calme |PV Kiro|
» De beau jour arrive.
» Premier jour (libre)