On a tous besoin d'amour un jour où l'autre.. l-Bill-l

Il fait nuit noir, il est 23h00 passé. Avachi sur mon canapé, la télé allumée, je somnole à moitié. Les images qui défilent sur l'écran ne sont pas répertoriées par mon cerveau, et donc, c'est comme si elle apparaissaient pour elles seules: je ne les vois pas. Mis à part les bruits s'évacuant du poste devant moi, le silence règne dans mon appartement.
Ma tête part de temps en temps sur le côté, je la redresse en sursautant, sortant de mon léger sommeil.. mais je fais bien vite d'y replonger. Puis ma tête rebascule et ainsi de suite. Un cercle vicieux en réalité.. et je ne trouve pas la force d'éteindre la télé pour me diriger dans ma chambre et me coucher.
Je finis tout de même par m'endormir...

Rêve...
Rêve...
Rêve...
CAUCHEMAR!
Bill est là, devant moi, le ventre en sang. À ses côtés je vois Douglas, le regard rouge, meurtrier. Bill me regarde, il pleure, il a horriblement mal, il gémit, il m'appelle. Moi, je ne peux pas bouger d'un centimètre, je suis figé sur place, obligé de voir mon jumeau se faire détruire devant moi. Mon frère ne tarde d'ailleurs pas à se reprendre un nouveau coup de la part de son "meilleur ami". Il gémit encore. Douglas me regarde, un sourire sadique sur le visage. Puis il sort un immense couteau de cuisine (oO) pour commencer un mouvement de plantage en direction de Bill...
Non.. non...

- NANNNNN!

Je me réveille en sursaut. Sursaut tellement grand que j'en tombe du canapé. Je m'assied rapidement au sol, affolé. Mon coeur bat la chamade, mes yeux sont révulsés, je transpire, je tremble. Un cauchemar.. mein Gott, plus jamais!
Soudain, on frappe doucement à ma porte. Je tourne subitement la tête en direction du couloir. On vient me voir à presque minuit? C'est quoi ça? J'avoue.. j'ai un peu peur.. Mais je prends sur moi. Laissant la télé allumée pour ne pas avoir le silence en bruit de fond (xD), je me lève et marche doucement vers ma porte pour l'ouvrir doucement...

Quelle ne fût pas ma surprise quand je vis la silhouette frêle de mon jumeau se dessiner dans la pâle lumière du couloir extérieur. Je le regardai, surpris. Si il venait si tard, c'est qu'il y avait un problème. Je repensai à mon rêve et en eus un haut le coeur. Mais non, ce n'était qu'un cauchemar, rien de plus.

- Bill? Qu'est-c'que tu...

Pas le temps de finir ma phrase. Je me retrouve repousser dans mon appart' avec Bill accroché à mon cou. Je l'écoutai parler et il me semblait complètement paniqué. C'est surtout les paroles qu'il prononçait qui me donnait cette impression.Je ne devais pas le serrer, il devait m'expliquer après et il voulait rester avec moi. Tout cela n'annonçait rien de bon.
Je lui obéis, je ne le serrai pas contre moi comme d'habitude. Je passai simplement mes bras autour de lui, sans exercer de pression, juste histoire de lui montrer que j'étais là pour lui.
J'allais lui répondre quelque chose quand mon jumeau me demanda si ça allait. Hein? Moi? Oui ça va.. pourquoi cela? Ah oui je vois.. ma super tête de pas-réveillé-et-perturbé? Arf, rien du tout.

- Oui, oui t'inquiètes pas Billou. J'ai juste fait un cauchemar.

Je lui souris légèrement pour le rassurer quant à mon état. Maintenant, c'était lui qui devait être le centre de la conversation. Il avait l'air vraiment mal. Bien qu'il dissimulait sa souffrance, nous étions tellement proche que je pouvais carrément ressentir sa douleur.
Je passai une de mes mains sur sa joue, plantant mon regard dans le sien qui commençait à s'humidifier. Je caressai doucement sa peau, juste pour le rassurer, lui dire qu'il était en sécurité avec moi, que j'étais là, que je ne le laisserai pas..
Et la question que Bill devait redouter franchit mes lèvres pour flotter en murmure dans le silence qui s'était installé.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive?

-J'en ai marre Tom...

C'est un début. Il en a marre.. mais pourquoi cela? Je sens mon ventre se retourner à l'entente de ces quelques mots. Il faut dire que je tiens tellement à lui, que je l'aime tant que la simple idée qu'on aie pus lui faire du mal me donnait une envie de meurtre. Si il souffre, je souffre et inversement. Il y a de quoi dire que je déteste voir mon frère souffrir, mais ce n'est même pas parce que j'en souffre en écho, c'est juste que mon frère ne mérite pas la souffrance. Loin de là.
Il pleurait. Mon ventre se retourna une nouvelle fois. La dernière fois que je l'avais vu pleurer, c'était quelques jours après mon arrivée à Lies, quand nous avions dut affronter notre père. Depuis, plus une larme n'avait glissé sur ses joues. Vous comprenez donc le mal que je ressentais.
J'écoutai avec la plus grande attention toute l'explication qu'il me donna quant à son état. Ce fut mon corps entier qui se sentit retourner: il s'était réellement fait frapper. Mon cauchemar avait un rapport avec la réalité.. oh mein Gott, j'espère juste que ce n'est pas Douglas qui lui a fait ça.
Je le regardais, les yeux grands ouverts de surprise. Je sentis la colère me prendre le ventre. J'avais envie de faire un massacre, de tuer simplement celui qui avait osé lever la main sur mon double, celui qui avait dit +u'il le ferait" avec mon frère.

- C'est qui ce type?

Mais Bill se remit à parler. Je le regardai, serrant mes poings en me sentant bouillir de colère. Mais je me repris. Bill n'avait pas besoin de me voir me mettre dans un tel état maintenant. Ce dont il avait besoin c'était de l'attention et de la tendresse, comme je sais si bien lui en donner.
Je le suivis du regard quand il partit s'assoir sur le canapé. Je laissai quelques secondes s'écouler avant de faire de même et de prendre place à côté de lui. Je ne dis rien, car je ne savais pas quoi dire. Je posais ma main dans son dos que je me mis doucement à caresser. Puis je l'incitai à venir se blottir contre moi alors que son frêle corps était secoué de sanglots. De fines perles salées roulaient sur ses joues, les unes après les autres.
Je le pris donc contre moi, faisant attention à ne pas le serrer pour ne pas lui faire mal aux endroits où il avait reçu les coups de son "ami-agresseur". Je l'embrassai sur le front doucement et tentai d'abord de le rassurer comme je pouvais. Ma réflexion et réaction quant à son problème viendra plus tard, pour le moment, il a juste besoin qu'on s'occupe de lui (xD).

- C'est finit. T'es en sécurité ici.. je te laisserai pas Billou. Tu verras, ça ira.. tu peux rester autant que tu veux, y a aucun problème.

Je mélangeai tout, mais je disais l'essentiel au moins.

-Tom! Arrête.. J'ai mal.

Ouhla! Je m'empressai de le lâcher pour le laisser se redresser. Je grimaçai en le regardant. Je lui avais fait mal.. ça y est, je m'en veux maintenant. Même si je n'ai pas vraiment fait exprès, c'est quand même moi qui l'ai incité à se poser contre moi.

- Excuse-moi.., lui murmurai-je, grimaçant toujours.

Le voir dans un tel état mélangeait tout mes sentiments. Passant de la colère à la compassion, sans oublier le tristesse, la haine, le regret... tout, mon coeur passait par tous les sentiments existant. Si bien qu'il ne suivait plus. Il battait bien trop fort, affolé, paniqué. Je soupirai doucement pour me calmer, reprenant une longue bouffée d'air pour remplir mes poumons qui me brulaient. Je baissai la tête et fermais les yeux un court instant..

Flash Back

- Billou? J'suis rentré.

Je venais de revenir de l'école. Je posai mon sac dans l'entrée et m'attendais à entendre une réponse de la part de mon frère. J'avais 12 ans, l'âge où nous étions encore ensemble lui et moi.
Aucune réponse de vint. J'en déduis qu'il n'était pas encore rentré. Alors j'empruntai les escaliers pour les monter quatre à quatre. Je me dirigeai vers ma chambre et je fus surpris de voir mon frère recroquevillé, en pleurs, tête dans les mains, dans un coin de ma pièce privée. Mon coeur se serra et je m'approchai de lui. Je m'assis vers lui et entourai ses frêles poignets avec mes mains pour dégager son visage recouvert de larmes. Mon regard se noya dans le sien. Aucun de nous deux n'ouvrit la bouche. Je me sentais mal de le voir comme ça.
Finalement, c'est lui qui prit la parole, à moitié bégayant à cause de ses larmes.

- Tomi.. y a un garçon de.. de ma classe.. qui a voulu me.. me taper.
- Mais.. il l'a fait?

Je le regardai, légèrement affolé. Bill, lui, soupira doucement, pleurant toujours. Il souleva sa manche de tee-shirt pour me laisser découvrir un grand bleu sur son épaule. La colère naquit en moi. Mais je n'en fis rien. Je me collai simplement dos au mur à côté de mon frère et le prit dans mes bras, faisant attention à son bras.

- J'veux pas que.. tu m'abandonnes Tomi..
- Jamais je te laisserai Billou! Je t'aime.
- Moi aussi.. je t'aime grand frère.

Fin Flash Back

Je rouvris les yeux et regardai Bill. C'est incroyable comme le moment présent ressemblait à cette scène remontant à 6 ans en arrière.
Je pris la main de mon jumeau dans la mienne, sans le brusquer. J'avais maintenant peur de lui faire mal si je le touchais. Je caressai tout doucement le dos de sa main avec mon pouce, mon regard fixé sur lui.

- Tu.. tu veux quelque chose? Manger? Boire? Dormir?...

*C'est nul Tom, nuuul V_V*
Je baissai la tête, honteux de ne pas avoir réussis à dire autre chose.

Toute cette histoire me rendait fou. Je ne connaissais pas le nom de l'agresseur, mais en tout cas, il avait mit mon frère dans un bel état, à l'entendre. De là à aller à l'hôpital.. il fallait vraiment lui faire mal. Bill, comme moi, détestait les hôpitaux, il devait donc vraiment être bien amoché pour y mettre les pieds. Quand il m'avait montré l'état de son ventre, j'avais réellement comprit que le mec y était allé fort. Si seulement je savais qui lui avait fait ça.. il aurait à faire à moi l'ordure..
En plus, Bill sous-entend dans sa réponse qu'il ne mange plus rien et ne dors plus. Il y a de quoi m'affoler. Je le regarder avec de grands yeux surpris et affolés. Déjà que mon frère a une corpulence assez mince, mais alors si il n'avale rien, il va devenir un véritable mort avec juste la peau sur les os.

- Billou...

Non là, c'était trop. J'avais vraiment peur pour lui. Il fallait qu'il mange quelque chose. En plus, étant blessé, il se voit plus affaibli et a besoin de reprendre des forces. Comment récupérer si on arrête de manger?
Je posais une de mes mains sur sa cuisse pour la lui caresser doucement, mon regard fixé sur lui. J'avais vraiment peur pour son état de santé.

- Me dis pas que tu a arrêté de manger, s'il te plait. Tu risques ta vie comme ça, tu le sais.

Ma voix se faisait suppliante. J'espérais vraiment que mon raisonnement était faux et que mon frère mangeait toujours suffisamment..
Je gardai mon regard un peu affolé posé sur lui et m'humidifiai les lèvres. Si il me répond que, oui, il a arrêté de manger, je le garde enfermé chez moi jusqu'à ce qu'il reprenne des forces. C'est hors de question qu'il passe cette mauvaise passade seul.
Un léger silence était tombé, et mon cerveau en profitai pour me rappeler que Bill n'avait pas répondu à ma question su sujet de l'identité de son agresseur. Je soupirai discrètement et fronçai légèrement les sourcils. Je pris un visage neutre, inquiet tout de même, et lui reposai ma question.

- Bill.. qui est-ce qui t'as fait ça?

Et voilà, la réponse que je redoutais franchit les lèvres de mon double. Ce fut comme si je recevais un coup de couteau en plein dans le coeur. Je me sentis soudainement sans aucune force, je laissai donc mollement mon dos s'affaler contre le dossier du canapé, accompagnant ce mouvement par un long et profond soupir. Et maintenant? Comment réussir à résonner mon frère? Là était la question.. Il s'en fout, ce sera dure pour moi de lui montrer que cela ne sert à rien qu'il se pourrisse la vie. Il faut qu'il se batte.. comment je vais lui faire comprendre ça? Bon, je tentai quelque chose, la voix mal assurée.

- Tu sais que j'ai jamais été très fort pour te remonter le moral. J'suis mauvais quand il s'agit de rassurer les gens.. mais..

Je m'arrêtai de parler, laissant un silence s'installer pour réfléchir à la suite de mes paroles. Un minimum tout de même.. j'étais mauvais, certes, mais ce n'était pas une raison pour dire n'importe quoi. Je fis donc de mon mieux pour parler avec mon coeur et tenter de résonner mon double.

- Je sais que tu n'as rien fait pour mériter un truc pareil. Tu es la personne qui le mérite le moins dans ceux que je connais. Y a des gens comme ça, qui passe leur vie à faire du mal aux autres pour dissimuler leur propre souffrance. Ils sont mal et n'aiment pas voir les autres heureux. Du coup, ils leur infligent la souffrance pour être à la même échelle qu'eux. Leurs victimes sont souvent des gens qui n'ont rien demandé, comme toi.

Bon, c'était un début. Maintenant, reste à le convaincre que la vie est "belle" --' .

- Je.. j'suis surement le moins bien lacé pour te dire ça, j'en suis conscient. Mais je tiens à toi plus que tout.. j'dois bien trouver quelque chose à te dire..

Je baissai la tête, me sentant nul au possible de prononcer ces mots. Si seulement j'avais la même facilité que Bill pour rassurer, pour aider les gens. Je continuai tout de même, du mieux que je pouvais.

- Ca va te paraitre égoïste, mais si tu te fais souffrir comme ça, c'est aussi moi que tu emmène dans ta souffrance. J'peux pas supporter de te voir comme ça.. Et en plus..

Je redressai la tête, trouvant subitement et enfin quelque chose de censé à dire.

- T'es un battant, j'te connais assez pour le dire. T'as surmonté pleins d'épreuves et tu t'en es toujours sortit. Je sais que là, c'est encore plus dure qu'avant. Mais tu n'es pas faible au point de te laisser aller comme ça. Tu as le mental et le coeur pour te battre et t'en sortir. En plus, j'suis là moi. Si tu as besoin d'aide, ce qui est le cas, j'vais t'aider. J'vais t'aider à t'en sortir Bill..

Pff ça y est, les larmes me montent aux yeux. En parlant, je me rend compte que je donnerai vraiment tout, jusqu'à ma vie, pour aider mon frère. Et savoir qu'il se laisse mourir ainsi me rend malade.. je risque de le perdre, et ça me fait mal.
J'arrêtai de parler et baissai à nouveau la tête. Je n'avais plus rien à dire et je n'avais plus le coeur assez fort pour dire ce que je pensais. Bill était entrain d'ouvrir sa porte à la Mort devant mes yeux.. et j'étais impuissant face à cela. Mein Gott.. j'me déteste.

Quand il me répondit quant à son "ami-agresseur", je soupirai doucement. Je comprenais qu'il ne me dise rien, il avait surement peur que je risque ma vie pour aller péter le gueule de cet enfoiré. Mais tant pis, je mènerai seul ma petite enquête pour trouver qui était l'auteur de ces horreurs, et il recevra, croyez-moi...
Je serrai doucement la main de mon frère et le regardai, lui faisant comprendre par le regard que je ne lui en voulais pas du tout. Je souris très légèrement quand il m'embrassa sur la joue, sourire que je perdis rapidement par la suite. Le sujet était quand même grave..

- T'es aller porter plainte au moins?

*Dis-moi que oui, j't'en supplie...*

Quand Bill en vint à se serrer contre moi, je compris son état mental de perte totale. Il se faisait mal physiquement pour oublier sa souffrance morale et ça, je ne l'avais jamais vu agir ainsi. C'était donc plus grave que ce que je pensais.
Je posais mes mains sur ses épaules pour l'empêcher de se courber contre moi, car ça allait surement lui infliger une douleur atroce là où il avait été touché. Je ne voulais qu'une chose: le serrer dans mes bras jusqu'à étouffer de lui pour lui montrer à quel point je tenais à lui. Mais je ne voulais pas qu'il aie mal, alors je préférai le repousser gentiment.

- Bill, tes côtes.., murmurai-je la voix suppliante.

Ses prochaines paroles furent comme un électrochoc. Mon coeur bondit de peur dans ma poitrine. Mais Bill, tu es plus fort que ça, te laisse pas aller, je t'en priiiiiie! J'me tire une balle sinon --' .
Je le repoussai tout doucement sans le brusquer. Je posais ensuite mes deux mains sur ses joues pour essuyer ses larmes naissantes avec mes pouces et le caresser par la même occasion. Je plantai mon regard brun, presque noir, dans son homologue noyé de larmes et le suppliai de tenir. Je parlais d'une voix douce, car je voulais lui montrer tout l'amour que mon coeur portait pour lui. Lui, il fuyait mon regard. Ses yeux partaient sur le côtés, comme par honte.

- Bill, s'il te plait.. regarde-moi.. Tu es fort, je te l'ai dit. J'te laisserai pas tomber. tu vas rester chez moi, je vais t'aider à remonter la pante et même si tu refuse, je te force. J'te laisserai pas t'enfoncer encore plus bas, c'est hors de question.

Ca peut paraitre cru, mais je ne veux pas qu'il sombre. Et pour ça, il a besoin de moi. Il a besoin de quelqu'un qui l'aime et qui sera toujours là pour lui, donc moi (prétentieux? nonnnn xD).
J'essuyai ses nouvelles perle salées qui prenaient forme et glissaient doucement le long de sa peau. Je tentais d'être le plus tendre possible avec lui, car l'amour et la tendresse, c'est ce dont il avait besoin maintenant.
Je compris très bien sa réponse quant à l'histoire de porter plainte. C'était tout à fait compréhensible. Mais il devait le faire.. et si ce n'était pas lui, ce serait moi.

- Tu peux pas lui laisser le plaisir de te faire encore du mal, okay. Mais tu peux pas le laisser vagabonder comme ça dans la ville parce que là, tu peux être sure qu'il te feras à nouveau souffrir gratuitement.

Je soupirai doucement, légèrement dépassé par la situation. Puis je me décidai à lui dire:

- Si tu n'y vas pas, c'est moi qui le ferai. Même si j'ai pas son prénom, j'ai des moyens pour le faire. Et je lui laisserai pas le plaisir de te faire du mal gratuitement une nouvelle fois.

- J'peux y arriver tout seul...
- T'en es vraiment sûr?

J'arquai un sourcil. J'avais parlé d'une voix ironique bien sûr. Il croit vraiment pouvoir s'en sortir seul? Je ne pense pas personnellement. D'après ce qu'il m'a dit, son agresseur ne doit pas être un tendre agneau sans expérience. Alors pour moi, plutôt mourir que de laisser mon double affronter ce type tout seul.
Je ne répondis rien, car il avança un autre "argument" quant à la plainte. Je soupirai et levai les yeux au ciel. Décidément, il veut se condamner lui-même à mort ou quoi? Je lui offre mon aie, ma protection et lui il veut se débrouiller seul? C'est ce jeter dans le gueule du loup ça p'tit frère.

- C'est pas que je manque de confiance en toi.. mais j'ai peur qu'il t'arrive quelque chose.

Je l'écoutai terminer d'énumérer ses volontés. Je soupirai une nouvelle fois. Que pouvais-je dire? S'il tenait tant à affronter ses problèmes seul, je ne pouvais pas faire grand chose.. je ne peux pas le forcer à m'écouter et à accepter mon aide. Alors je finis par lui céder, laissant tout de même des conditions.

- J'peux pas te forcer à m'écouter. Mais s'il te plait, promets-moi que, si tu as vraiment des problèmes, tu resteras pas seul et tu viendras vers moi.. j'veux être sûr que tu te laisseras pas aller. J't'aime trop pour ça p'tit frère.

C'était plus qu'une demande, plus qu'une simple condition. C'était une supplication que je lui donnais. Je voulait qu'il me jure juste ça, qu'il ne m'oublie pas et qu'il me demande de l'aide si il se trouve en grande difficulté. J'étais tellement terrifié à l'idée de le laisser affronter ses problèmes seul.. et ça, il pouvait largement le voir dans mon regard.

J'ai toujours été très protecteur envers mon cadet de dix minutes. Toujours, par peur qu'il se brûle les ailes. Surtout que, depuis tout petit, il a toujours été différent des autres, ce qui lui a valut maintes remarques et bien plus encore. Heureusement -ou malheureusement, cela dépend comment l'on voit les choses- j'ai toujours été la pour l'aider, le défendre. Mais cela ne signifiait en aucun cas que je pensais mon frère trop faible pour se battre seul.. et voilà le résultat en dix-huit ans de protection: il m'est maintenant dure de laisser mon double se débrouiller seul. Pourtant, il a largement l'âge de régler ses problèmes sans mon aide.
Quand Bill se leva, je m'affalai au fond du canapé, soupirant largement. Je remis ma casquette en place et posa mes deux mains sur le sofa, bras tendu. Mon regard levé vers le plafond, j'attendis un moment avant de le tourner vers mon jumeau. Je l'observai. Il semblais si détruit, si sensible, si brisé.. ça me faisait vraiment mal au coeur.

*Tom.. ton frère est mal et tout ce que tu trouves à faire, c'est lui montrer que tu as peur. T'es un lâche.. il a besoin de toi, maintenant. Debout, allez!*

Je refis surface quand Bill me posa sa question pour changer de sujet. La section musique? À vrai dire, je n'y pensais plus vraiment. J'avais passé "l'audition" devant les profs de musique réunis, j'avais reçu ma réponse. Il me restait à faire mes preuves.. d'où l'importance de mon futur-projet.

- Pas encore. On m'a dit que j'avais du talent, que j'avais toutes mes chances. J'dois juste faire mes preuves. Donc j'assiste au cours de musique théoriques et pratiques et je dois tout donner dans ce fameux projet que je dois faire avec Douglas. Après, on me dira la réponse finale...

Je n'avais pas lâché mon frère du regard durant ma tirade, l'observant de toutes parts. Je remarquai maintenant qu'il avait maigrit, énormément maigrit, trop maigrit. Je me fis encore plus de soucis pour lui. Mais bon, les problèmes alimentaires viendraient après, là, mon frère n'avait pas besoin que je lui fasses la morale. Il avait besoin de moi, que je le rassure, que je lui montre que je l'aime et que je tiens à lui plus que tout au monde.
Je me levai donc et marchai jusqu'à me retrouver derrière lui. Avec douceur, j'encerclai son corps avec mes bras pour doucement poser mes mains sur les siennes qui étaient sur son bandage. Je n'appuyai pas, restant "en surface" par peur de lui faire mal. Je tournai ensuite la tête pour nicher ma tête dans son cou et y poser mes lèvres avant de lui souffler un "Je t'aime Billou.." qui se valait rassurant.

- Le meilleur.. quand même pas, lui dis-je en souriant. Et c'est vrai que, j'suis content d'être tombé sur Doug'. Il joue vraiment bien et a l'air d'avoir la niak. [comme tu m'as dit hein! xD]

Je sentis les mains de mon frères contourner les miennes pour se poser en dessus, laissant ainsi mes paumes toucher son bandage. Par peur de lui faire du mal, je reculai un peu mes mains, pour ne faire qu'effleurer son frêle corps. Il avait l'air d'avoir si mal avant, je ne voulais pas le faire souffrir d'avantage. Pour me rassurer, je lui murmurai:

- J'te fais pas mal? C'est bon?

L'inquiétude se faisait entendre dans ma voix.
Je posais mon menton contre l'épaule de mon reflet, soupirant doucement. Cela faisait un moment que nous n'avions pas eut un moment de tendresse comme ça. Avec tous les récents évènements, il y avait de quoi nous rendre fous tous les deux. Heureusement, on devrait normalement s'en sortir gentiment [pauv' Tom, t'es pas au bout de tes surprises xD].
Je souris inconsciemment. Sentir le corps de mon frère si proche du mien me rappelait tant de choses que mon coeur s'en vit réchauffé directement. J'aimais tant le sentir contre moi, près de moi. Je ne m'en laissais jamais...
Mon coeur accéléra quand je sentis ses douces lèvres caresser ma joue. Je soupirai discrètement de bonheur et souris un peu plus en entendant son "je t'aime". Ces mots tous simples mais qui me font toujours autant d'effet intérieurement. Je tournai à mon tour ma tête pour coller mes lèvres entre son cou et sa mâchoire, près de son oreille puis posai mon front contre sa tempe comme lui juste avant. Sourit au lèvres, je me sentais heureux..
Jusqu'à ce que Bill tourne la tête..

Je crois bien que jamais de ma vie le temps ne s'est arrêté si subitement pour moi. *ZAP* c'était comme si mon monde s'était mit sur pause, sauf Bill et moi. Alors que mon coeur battait la chamade, si fort que mes tempes en tremblaient, mes yeux se fermèrent. C'était.. indescriptible.

*TOM, bouge-toi! Recule!*

Rien... mes muscles étaient complètement contractés et impossible pour eux de me mouvoir.
Ce qui m'étonna, c'est que Bill ne se retira pas non plus. Mais qu'est-ce qui lui arrivait? Qu'est-ce qu'il se passait dans sa tête? Il avait l'intention de me faire souffrir ou quoi? oO Eh oui, je sais que ce moment magique ne durera que quelques secondes..
1... 2... 3.... 10... 15... 20... attends, c'est plus que quelques secondes là oO [le gars qui s'amuse à compter xD *CHBAF* okay, j'me tais..]
Impossible de bouger, à première vue, c'était pareil pour mon double. Je ne sais pas ce qu'il pensait. Moi, de mon côté, je savais que la souffrance emboiterait le pas au bonheur extrême. Mais sur le moment, c'était simplement merveilleux. C'était comme si des papillons prenaient leur envol dans mon ventre, comme si mon coeur explosait de joie, comme si mon esprit avait enfin la possibilité de respirer.. comme si je revivais. Oui, renaissance.. c'était une renaissance.
Combien de temps s'était écoulé là? Je ne sais pas.. la pellicule de ma vie s'était mise sur pause depuis un moment sans que rien ne se passe. Nos lèvres étaient toujours "collées", mon coeur battait toujours aussi fort, si fort que Bill devait l'entendre crier de joie. Rien ne bougeait, tout est arrêté.
Pour combien de temps encore...?
*ZAP* je refais enfin surface. Mes yeux se rouvrent, mes lèvres s'éloignent doucement de celles de Bill. Mes mains restent posées sur son bandage. Je me sens tout à coup mal à l'aise. Mon coeur crie toujours, mais pas de bonheur cette fois. Non, il hurle de souffrance. La vérité l'a frappé avec violence. La chute est douloureuse..

- Excuse...

C'est tout ce que je parvins à murmurer.

Je n'entendis même pas la réponse de mon frère. En ce moment même, je crois que je souffrais comme jamais je n'avais souffert auparavant. Mon coeur était en miette, laissant son sang s'écouler tout le long de mon corps jusqu'à mes pieds pour former une flaque invisible de souffrance sur le sol. En deux mots: j'avais mal...
Ce n'est que quand il s'écarta que je refis quelque peu surface. Sans un regard pour lui, je glissais mes mains dans mes poches et avançai d'un pas pour être là où se trouvait Bill deux secondes auparavant. Je regardai les rues paisibles au travers de la fenêtre. J'humidifiai mes lèvres d'un coup de langue et commençai à parler en même temps que mon frère.

- J'vais // C'est ma faute, // aller // j'avais qu'à reculer // me // j'sais pas c'qui m'a prit. // coucher // J'suis désolé Tom.

[Oui bon, faut imaginer qu'ils parlent en même temps hein! xD]
Je soupirai et détournai les talons sans rien dire pour traverser le salon dans le but d'aller dans ma chambre. Mais le gémissement de Bill m'arrêta net, m'obligeant à retourner vers lui, légèrement affolé. Sur le coup, j'avais oublié ce qu'il s'était passé une minute auparavant.
Je m'agenouillai devant le canapé, le regard inquiet.

- Hey, ça va pas? Qu'est-c'qu'il y a?

Mon regard plongé dans ses yeux remplis de larmes, je sentis mon coeur se serrer. Le fait de le voir ainsi sans avoir le pouvoir de l'aider me rendait dingue. Je donnerai n'importe quoi pour lui rendre le bonheur, pour faire que sa vie soit belle et de couleurs. J'irai jusqu'à me sacrifier pour lui, c'est bien connu.
Sa réponse fut peu convaincante. Mais je me dis qu'il valait mieux de ne pas insister maintenant. Inutile de remuer le couteau dans la plaie, il avait déjà assez mal comme ça. Alors je me forçai à lui sourire très légèrement, posant ma main sur celle qu'il venait de glisser sur ma joue. Je glissais mes doigts entre les siens et tournai la tête pour l'embrasser dans la paume, mon regard toujours noyé dans le sien. En ce moment, je donnerai jusqu'à ma vie, mon coeur pour voir des étoiles de bonheur pétillé dans la noirceur de ses yeux au lieu de ces fines gouttes d'eau salées.
J'hochai positivement de la tête après sa dernière phrase et me redressai lentement gardant ma main dans la sienne (ce qui donne: Bill allongé sur le canapé, Tom debout à côté du canapé lui tenant la main xD).

- Si il y a quoi que ce soit.. ma chambre est là bas.

Je lui souris et me penchais vers lui pour tendrement l'embrasser sur la joue. Je lâchai sa main, me remit correctement debout et tournai les talons pour aller dans la salle de bain.
Là, je me mis face au lavabo, me cramponnant à ses bords. Je plongeait mes yeux dans le regard du reflet que m'offrait le miroir en face de moi. J'y lisait tellement de chose, passant de la colère à la tristesse. J'y voyais surtout de la souffrance et de la lutte pour la dissimuler. Je soupirai et baissai la tête pour regarder le lavabo, sentant des larmes naitre dans mes yeux.
Je restai un petit moment ainsi, sans bouger, laissant mes pensées passer par tout ce qu'elles souhaitaient... ce qui fut une bien mauvaise idée, car à force, elles me firent refaire une chose impardonnable. J'ouvris le miroir, laissant place à la pharmacie. là, je m'emparai du ciseau servant à couper les pansements et bandages. Je remontai la manche de mon tee-shirt, laissant place à de fraiches marques rouges sur mon bras au niveau de mes artères. Je pris une bouffée d'air et, avec lenteur, je rouvris la plus grande des plaies.
Un tout petit gémissement sortit de ma bouche. Mais ce n'était pas par souffrance, plutôt par plaisir. Oui, depuis un moment déjà, j'avais gouté au plaisir de me faire du mal. Oui je sais, c'est n'importe quoi.. mais bon.. Bref, là, je profitai de cette sensation de douleur qui me prit le bras entier. Je lâchai le ciseaux qui alla se réfugier dans le lavabo, laissant mon sang tâcher sa blancheur. Je portai la paume de ma main, sentant ce chaud liquide rouge glisser le long de mon bras.
Je restai un court instant comme ça, puis je m'empressai de désinfecter mon "oeuvre" pour ensuite la couvrir d'un pansement. Il ne fallait pas que j'éveille les soupçons de Bill... puis je nettoyai rapidement les ciseaux et le lavabo, rangeant tout correctement, avant d'aller dans ma chambre, de me déshabiller pour me retrouver en boxer et de me glisser dans mon lit, sentant mon bras me lancer et le sang couler sous le pansement.