Du versäumst mir... [- Bill -]

Mon regard était planté sur la vitre en face de moi. La pluie ricochait sur cette dernière, laissant quelques gouttes y glisser avec plus ou moins de vitesse. Au loin, les éclairs déchiraient le ciel et apportait un peu de luminosité dans le ciel gris, faute de trop de nuages ne laissant pas sa place au soleil. Les crépitements se faisaient entendre plusieurs secondes après les éclats de lumière, je m’amusais à calculer les kilomètres qui m’en séparaient. Il faut dire que, pour un mercredi après-midi, j’aurai souhaité autre chose que rester enfermé dans une salle de classe à nettoyer les bureaux pour combler le temps de ma retenue. Eh oui, un prof avait jugé bon de me donner quatre heures de colle simplement parce que je m’étais "braqué" contre lui pendant son cours. Ce n’est tout de même pas ma faute si je déteste l’histoire et souhaitais comprendre... enfin comprendre, à ma manière quoi. Quoi qu’il en soit, cela faisait quatre heures que j’étais enfermé ici et les pupitres brillaient comme des sous neufs depuis un moment déjà. Je les avais nettoyé en à peine deux heures. J’avais passé le reste du temps assis sur une chaise face à la fenêtre à regarder la pluie tomber en laissant mon esprit s’aventurer où bon lui semblait.
Un bruit me coupa du monde virtuel dans lequel mes pensées s’étaient mises à s’aventurer. Je laissai tomber ma tête en arrière afin de voir l’encadrement de la porte et je vis le gentil prof qui m’avait collé, le regard sombre, une main sur la poignée de la porte. Je ne dis rien et ce fut lui qui prit la parole pour parler d’une voix neutre, avec une pointe d’amertume.

-Tu peux rentrer chez toi Kaulitz.

Je ne répondis absolument rien et me redressai pour me mettre debout. Je m’avançai vers la porte avec ma démarche molle de racaille marseillaise habituelle, un regard totalement neutre posé sur mon prof. Je passai à ses côtés et sortis de la salle de classe pour ensuite traverser le couloir, descendre les escaliers et sortir affronter la pluie torrentielle. Ma destination avait été choisie dés le début de la journée : je me rendais chez mon frère. J’avais envie de passer du temps avec lui, car je le voyais de moins en moins. Il passait la plupart de ses journées avec Johannes, un de mes voisins. Je dois avouer que cela me fait un pincement au cœur de le voir plus avec lui qu’avec moi, mais pour une fois, je ne dirai rien et laisserai Bill faire ce qu’il souhaite. J’espérais juste qu’il était chez lui maintenant...
Je mis une quinzaine de minutes avant d’arriver devant la porte d’entrée de mon androgyne de frère, complètement détrempé. J’avais l’impression de revivre mon plongeon dans la mer complètement habillé C’était une sensation très désagréable de sentir ses vêtements se coller ainsi à son corps. Je me demande bien comment fait Bill pour supporter ça tous les jours...
Bref, une fois devant la porte, je voulu l’ouvrir mais à ma grande surprise, elle était fermée à clé. Bill était donc ailleurs que chez lui... Je soupirai et tirai mon trousseau de clé du fond de la poche de mon jean- Je cherchai la bonne, l’enfilai dans la serrure et ouvris la porte pour pouvoir entrer. Je posai mes clés sur le meuble de l’entrée et là, je fus interloqué d’entendre le bruit de la chaine stéréo de mon frère à l’étage. La musique était allumée. Mais alors... il était là ? Pourquoi avoir fermé la porte à clé ? Dans le doute, je l’appelai tout en m’avançant dans la villa pour aller me chercher un verre d’eau.

-Bill ? T’es là ?

J’entendis vaguement une réponse alors que j’étais entrain de remplir mon verre avec le liquide translucide qui s’écoulait de l’évier puis la musique qui résonnait s’arrêta subitement pour laisser place à un bruit de pas dévalant l’escalier. Il était donc bien chez lui. Mais la même question trônait dans mon esprit, pourquoi avoir verrouillé la porte à clé s’il était chez lui ? C’est en buvant quelques gorgées de mon eau que je tentai de comprendre ce "mystère".

Bill était seul, chez lui. C'est vrai. A vrai dire, ça faisait exactement deux jours qu'il était seul, enfermé dans sa villa, sans nouvelles de personnes. Même pas Tom, ni Johannes. De toute façon, l'androgyne ne prenait aucun appel, il n'ouvrait pas la porte d'entrée quand quelqu'un frappait sur celle-ci et il n'appelait personne non plus. Autant le dire, petit à petit, le jeune homme s'isolait et s'éloignait de tous les gens qui l'entouraient. Pourtant il essayait, il essayait de faire des efforts mais il n'y arrivait plus. La solitude le pesait et il n'avait plus envie de rien, ni même assouvir le manque de sa plus grande passion -à savoir le mannequinat-. Ca faisait 1 mois maintenant que l'androgyne posait devant tous ces photographes sans conviction, sans but. Pourquoi un mois? Tout simplement parce qu'a cette date, Johannes avait quitté l'Amérique pour rejoindre l'Allemagne. Bien sûr, il avait tenu son ami au courant mais ce dernier n'avait pas accepté -bien qu'il ne l'ai absolument pas retenu-. Un mois durant lequel Bill était sorti, seul avec ses pensées bien noires. Un mois durant lequel il avait ennuyé son jumeau en faisant la gueule inutilement. A chaque fois qu'il se voyait, Billou souriait mais au fil du temps, il n'y arrivait plus. Johannes lui manquait..il lui avait énormément manqué.

Aujourd'hui, le chatain était revenu. Et c'était là le coeur du problème.
Johannes était revenu et il avait chamboulé l'androgyne comme jamais personne n'avait réussi à le faire. Leur relation était très étrange. Ils étaient amis, et pourtant, ils agissaient exactement comme un couple -à l'exception près qu'ils ne couchaient pas ensemble-. Les "Je t'aime", les baisers, les douces caresses, tout ça faisait partis de leur relation, si ambigüe et pourtant si belle. Bill ne voulait pas perdre tout ça...mais pendant l'absence de son ami, il s'était rendu compte qu'il tenait à lui, plus qu'il ne le pensait. En temps normal, ses amis lui manquaient, certes, mais pas au point qu'il se morfonde, seul dans son coin à brouiller du noir. Quand Johannes avait mit les pieds chez lui, la veille, l'androgyne et lui s'étaient embrassés et c'est à ce moment précis que Bill avait ressenti cette sensation si agréable mais qui le terrifiait tellement. Celle que l'on pouvait ressentir lorsque l'on était amoureux. Le brun refusait de se faire à cette idée. L'amour lui faisait peur, l'amour le faisait souffrir et JAMAIS il ne voulait revivre ça, même si c'était avec l'homme avec qui il était étrangement trop proche.

Le bel androgyne était alors dans sa chambre, allongé sur le ventre sur son lit, avec une photo entre ses mains. Cette photo, c'était celle qu'il avait fait gravé sur un pendentif -avant de l'offrir à Johannes pour ses 19 ans-. Tous les deux s'embrassaient tendrement, yeux fermés, au milieu d'un parc. Les yeux de Billou étaient humides, mais il ne pleurerait pas. Il avait déjà trop pleuré. Lentement, il reglissa la photo sous son oreiller et passa ses doigts tout fins sous ses yeux, retenant alors les goutelettes salées.

-Bill ? T’es là ?

Bill sursauta légèrement. Malgré le son léger qu'émettait la chaine-hifi, il avait entendu la voix de son double. Doucement et avec des gens lents, le beau brun se leva et laissa entendre un petit "Oui", avant d'aller éteindre la radio. Il dévala les escaliers et ecquiessa un faible sourire à son jumeau avant d'enfin se mettre devant lui et passer son bras autour de son cou. Ses lèvres se posèrent sur sa joue alors sa main libre elle, se posait sur le bas de son tee-shirt, mouillé par la pluie. Reculant ensuite son visage, le jeune mannequin effleura ses dreads uniquement avec le bout de ses doigts avant se retirer entièrement.

-Tu vas bien? T'es trempé...Tu veux t'changer? J'crois qu't'as laissé des vetêments ici la dernière fois qu't'es resté dormir.

La voix du jeune homme était douce et faible. Tom comprendrait certainement très vite qu'il y avait un problème, mais comme d'habitude, l'androgyne préférait retarder ce moment et entamer de suite un sujet opposé et choisi au hasard.

Je terminai de boire mon verre d'eau alors que j'entendais les pas de Bill dans la maison. L'eau avalée, je posai son contenant dans l'évier et me retournai pour appercevoir mon jumeau entrer dans la cuisine, un faible sourire au coin des lèvres. À voir son visage, je sentis déjà que quelque chose n'allait pas. Bill arriva vers moi et me dit bonjour à sa façon avant de se mettre à parler d'une voix éteinte et molle, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

-Tu vas bien? T'es trempé...Tu veux t'changer? J'crois qu't'as laissé des vetêments ici la dernière fois qu't'es resté dormir.
-Ca va oui.

Pas de "Et toi?", car je connaissais déjà sa réponse... Je lui souris très légèrement. Comment sourire franchement quand la personne la plus chère à notre coeur ne va pas bien? Eh oui, par le simple fait de voir son visage et d'entendre sa voix, je savais que mon frère allait mal. C'était ainsi entre lui et moi, impossible de se cacher nos émotions. L'autre le sentait directement et n'hésitait pas à en parler pour comprendre et aider. Sauf que là, je ne voulus pas en parler tout de suite. Premièrement parce que je savais que Bill voulait éviter le sujet, mais aussi parce qu'en effet, j'étais trempé et changer d'habits n'était pas de refus.

-J'monte vite me changer, je reviens.

Cette fois, je lui souris tendrement, comme pour le rassurer et lui apporter un peu d'amour. Je posai doucement mes lèvres sur sa joue et passai près de lui afin de courire vers l'escalier et monter à l'étage en direction de sa chambre. Mes vêtements délaissés avaient trouvé leur place sur une chaise dans la pièce "personnelle* de mon frangin. Je m'en approchai, les pris et direction la salle de bain. Je me débarassai d'abbord de mes baskettes et de ma casquette puis je me déshabillai, restant en boxer, pour ensuite enfiler mes vêtement secs. Les mouillés, je les étendis sur le bord de la baignoire pour les faire sécher un minimum. Je laissai ma casquette à leur côté, gardant mon "bandana* pour couvrir ma tête et le haut de mes dread-locks, remis mes baskettes et sortis de la pièce pour ré-emprnter les escaliers.
En descendant, je sentis mon coeur se contracter. Je me demandais franchement pour quelle raison je retrouvais mon reflet dans cet état. Que lui était-il arrivé? J'espère que ce n'était rien de grave... quoi u'il en soit, je sentais que Bill allait avoir besoin de l'écoute et de l'amour de son grand frère. Et j'étais prêt à lui offrir n'importe quoi pour l'aider et lui rendre le sourire. J'espérais aussi qu'il ne me faisait pas la tête ou quoi que ce soit d'autre... car il y a vraiment eu un éloignement entre lui et moi. Un fossé s'est creusé entre nous deux depuis un moment...
Bref, une fois en bas, je cherchai mon frère du regard et le vit installé au salon. Je souris pour moi-même et m'avançai dans sa direction. Je lui appris tout de même ma présence, pour ne pas lui faire peur.

-De retour.

[HJ: C'est bien plus court qu'avant, désolée silent

.]

HJ : J'dis rien.. xD

Bill hocha légèrement la tête. En quelques secondes, il avait comprit. Il avait comprit que Tom avait tout remarqué. Son comportement étrange, son mal-être, son jumeau l'avait senti...L'androgyne en était sûr. C'est dans ces moments-là que le fait d'avoir "un deuxième-soi" était vraiment angoissant et frustrant. Frustrant parce que Tom savait lire en Bill comme dans un livre ouvert, il savait tout avant même qu'il puisse lui parler lui-même. L'annonce d'un évènement important ou d'une terrible nouvelle n'était même plus une surprise pour eux. Si l'un allait mal, l'autre le savait, si au contraire l'un nageait en plein bonheur, l'autre le savait également.

-J'monte vite me changer, je reviens.

Le jeune mannequin acquiesça d'un signe de tête. Il regarda son jumeau grimper les marches une à une et s'engouffra dans le salon, juste après afin de s'assoir sur le canapé. Comment allait-il faire maintenant? Tom allait sûrement l'interroger, chercher à comprendre le problème et lui sous-tirer des informations, mais Bill ne voulait pas. Il savait qu'il allait encore pleurer comme l'homme faible qu'il était. Un homme qui n'assumait même pas d'être peut-être tombé amoureux. Pour l'androgyne, le sentiment qui était censé être la plus belle chose, se révélait être en réalité, une véritable torture.
Sortant enfin de ses pensées sombres, le jeune garçon détourna son regard vers son double, qui venait de l'avertir de sa présence.

-De retour.

Le mannequin lui sourit, presque avec un sourire forcé. Ce n'était vraiment pas contre Tom...mais c'était contre lui-même. Il se sentait tellement mal, tellement faible. Cette situation le dépassait et il en venait même à regretter d'avoir passé autant de temps à Johannes. Si leurs sorties avaient été limité, peut-être que l'Amour ne se serait pas immicé entre eux.

-Alors...

Commença t-il, hésitant.

Qu'est ce qui t'amène? J'te manquais?

Bill avait une nouvelle fois commencé à parler, dans l'unique but de couper la parole à Tom, si ce dernier avait eu l'idée de l'interroger sur son comportement étrange.
Malheureusement, l'androgyne se rendit vite compte qu'il avait posé les mauvaises questions..."J'te manquais?" C'était tellement évident...Bill passait énormément de temps avec le chanteur alors il ne pouvait que manquer au dreadé. Tous les deux étaient comme les deux doigts de la main et pourtant, ils ne se voyaient que très rarement maintenant. Johannes avait prit beaucoup de place dans la vie du mannequin, et Tom l'avait largement remarqué...
Bill s'en voulait pour ça..Le guitariste était censé être la personne qu'il devait voir le plus, à qui il devait se confier le plus. Et c'était le cas, mais il n'était pas le seul. Il n'était plus le seul. Durant ces 18 dernières années, l'androgyne ne voyait que par son frère. Tom par ci, Tom par là. Les autres étaient même lassés de n'entendre parler que de cet être si exceptionnel aux yeux du cadet des Kaulitz. Aujourd'hui, il y avait Tom...mais aussi Johannes.

HJ: C'est bien Smile

.

Une fois dans le salon, j'étais entrain de m'avancer vers Bill dans le but de lui demander ce qui n'allait pas, mais il me coupa dans mon élan en prenant la parole avant moi. Décidément.. il ne voulait vraiment pas parler de ce qu'il avait. Et je dois dire que ça me fendait le coeur.

-Alors? ... ... ... Qu'est ce qui t'amène? J'te manquais?

Quelle question... j'avais envie de lui répondre "À ton avis abruti?".
Alors que je marchais vers lui, sa question me fit directement dévier ma trajectoire. Je ralentissait le pas et, au lieu d'aller vers lui, j'allais vers la fenêtre. Je me plantais devant cette dernière et regardai la pluie y glisser doucement. Je glissai mes mains dans les poches de mon jean et laissai un long silence s'installer. Je soupirai et finis par répondre, d'une voix totalement neutre.

-Oui. Tu m'as manqué... et tu me manques toujours.

Je délaissai les gouttes de pluie pour baisser la tête avec un nouveau soupir. Mes baskettes étaient fortes intéressantes sur le moment. Et mon esprit se mit à trop réfléchir.

*Qu'est-ce qui nous arrive? Y a un truc qui cloche.. on s'est tellement éloignés lui et moi... c'est clair qu'il as passé trop de temps avec Jo', mais j'y suis surement pour quelque chose moi aussi. Putin... pourquoi on mène pas une vie normale? Pourquoi est-ce qu'il a pas le droit à un frère responsable et normal lui aussi? Pourquoi y a ce trou qui se pose entre lui et moi? Mais merde, on a rien demandé... j'ai rien demandé...*

Je soupirai une nouvelle fois et me dis que ce n'était pas le moment pour parler. Bill était trop faible et ne voulait pas parler de ce qui lui arrivait. Il avait décidé de ne plus me faire confiance, de ne plus me parler... Très bien. Libre choix à lui, je n'insiste pas.
Je me retournai et regardai mon frère. Son visage me faisait vraiment de peine, mon coeur se contorsionnait en le voyant aussi triste. Mais je devais prendre les bonnes décisions, pour lui. Je m'avançai dans sa direction, mon regard attristé dans le sien, larmoyant. Et je prononçai des mots dans notre langue, la notre.. pour lui faire comprendre à quel point je m'inquiétais.

-Ich werde auf Zeit warten, die er notwendig sein wird. Aber du versäumst mich Bill, du versäumst mich furchtbar.

Je le regardai une dernière fois et approchai mon visage du sien pour poser mes lèvres douces et chaudes dans son cou. Puis je m'éloignai pour passer à côté de lui et me diriger vers la porte d'entrée.

-C'est peut-être pas le bon moment pour toi. Excuse-moi.

Je sentais déjà mon ventre se serrer... mais je ne ferai pas marche arrière pour le moment. C'était à lui de me dire quand est-ce qu'il sera prêt pour parler et me retrouver...

-Oui. Tu m'as manqué... et tu me manques toujours.

Bill soupira silencieusement en regardant son frère regarder l'extérieur de la villa. Il était touché..ça se voyait. Mais pas touché par un bel évènement, au contraire. Tous les deux s'éloignaient, se délaissaient et ce n'était pas la faute du dreadé...mais celle du mannequin. Ce dernier passait trop de temps sans lui. Soit il était avec son photographe, soit il était avec Johannes. Il avait vraiment honte d'agir comme ça mais il n'y pouvait rien. Johannes était comme un aimant qui l'empêchait de faire ce qu'il voulait. En bref, il avait énormément d'emprise sur le jeune androgyne. Le blond le savait certainement, puisqu'il avait souvent essayé de voir son frère, ne serait-ce que quelques heures, en vain. Bill lui donnait toujours les mêmes réponses : "Désolé Tomi, j'suis pas chez moi..." ou encore "Une autre fois, j'suis chez un ami". Et quel ami...Comme si le guitariste ne le savait pas.

-Ich werde auf Zeitwarten, die er notwendig sein wird. Aber du versäumst mir Bill, du versäumst mich furchtbar.

Tom était maintenant près de son double. Ce dernier leva ses yeux quelque peu rouge et humides, puis hocha la tête faiblement mais positivement. Il était vraiment reconnaissant d'entendre ça. Ca le touchait énormément. Le dreadé le respectait et approuvait ses choix, même si c'était contre sa volonté. Il le faisait, pour Bill.
Le mannequin se racla la gorge, pour éviter que sa voix ne soit trop rauque -démontrant alors qu'il avait beaucoup de peine-, puis répondit à son frère.

-Merci...tu me manques aussi, j'suis tellement désolé.

Bill refusait de parler allemand, pour la simple et bonne raison qu'il habitait ici maintenant, en Amérique. L'Allemagne ne faisait plus parti de lui, même s'il attachait beaucoup d'importance à ce pays. Il s'était passé trop de choses là haut...Trop de choses qui l'avait rendu malheureux.
En sentant les lèvres de son reflet dans son cou, le brun ne pût retenir une larme de couler. Il était triste et anéanti. Et il avait besoin de Tom mais il ne voulait pas se confier. Il avait peur de parler, et surtout d'entendre les réponses que lui fournirait le blond. De plus, Bill aurait l'impression d'accepter de voir son frère uniquement dans le but de lui parler de ses problèmes. Or, ça ne marchait pas comme ça...leur lien était assez fort et solide pour parler de tout et aussi passer de bons moments. Depuis que Johannes était entré dans la vie du mannequin, il n'y avait plus que très rarement de tels moments. Bill avait besoin de son frère. Pour rire, sourire, s'amuser, se confier...et pas seulement pour pleurer dans ses bras quand il en avait besoin.

-C'est peut-être pas le bon moment pour toi. Excuse-moi.

Bill haussa les épaules, presque indifféremment. Tom ne comprenait pas...pour une fois.
Finalement, après quelques secondes de silence, l'androgyne se leva du canapé et se dirigea vers son double pour poser sa main sur la poignée de la porte d'entrée, l'empêchant ainsi de sortir.

-Reste...on a passé trop de temps loin l'un de l'autre tu crois pas?

A qui la faute...hein Bill?
Il plongea son regard dans le sien, espérant que son frère ne soit pas trop dur avec lui -même s'il le mériterait-, puis attendit qu'il lui réponde. Son coeur battait rapidement, ses doigts étaient crispés sur la poignée de la porte et ses larmes menaçaient de couler à tout instant. Ca...il en avait l'habitude, ça faisait des heures et des heures que son état était comme ça.

Au fur-et-à-mesure que je marchais, toute sorte de souvenirs refirent surface, principalement ceux qui s'étaient déroulés ici, à Lies: nos retrouvailles, mon opre qui nous avait expédié à l'hôpital, notre enfermement dans l'université avec Douglas, nos moments d'engueulades, de joie, de tendresse, de pleurs, ... C'était toute ma vie américaine qui repassait dans mon esprit. Ma groge se crispa suite à ceéa, je dus me racler la gorge pour ne pas sentir les larmes me monter aux yeux.

*Comment on a fait pour en arriver là toi et moi?*

Ce n'était peut-être qu'une pensée.. et pourtant..
Je n'eus pas le temps de poser ma main sur la poignée de la porte: Bill y avait déjà posé la sienne. Il voulait m'empêcher de quitter la maison.. alors, était-ce le bon moment pour lui? Je ne pense pas.. mais connaissant Bill, il devait s'en vouloir à mort en ce moment même.

-Reste...on a passé trop de temps loin l'un de l'autre tu crois pas?

Ma main était tendue dans le but d'ouvrir la porte, je m'étais stoppé dans mon mouvement quand mon androgyne de frère s'était interposé entre la porte et moi. Je baissai la tête sans bouger ma main et me mordis la lèvre. Je ne pouvais pas partir mais je ne pouvais pas rester, car mon reflet n'était pas prêt à parler. Mais il avait raison, on avait passé trop de temps séparés, bien que cela ne soit pas ma faute.
Je finis par redresser ma tête et avançai ma main vers la poignée de la porte, j'entendis Bill retenir son souffle, comme s'il redoutait que j'ouvre la porte pour m'en aller... mais au lieu de ça, j'enlevai délicatement sa main du bout de métal pour la prendre dans la mienne en entremêlant nos doigts. Je le regardai et, sans rien répondre, je reculai de deux pas en exerçant une petite pression sur la main de mon frère, l'incitant à me suivre.

-Si tu l'dis...

Par ses paroles, j'entendais bien sur un "Je t'ai dit, c'est à toi de me faire signe quand tu es prêt"....
Bref, je finis par me retourner afin de marcher droit et, sans lâcher la main de Bill, au contraire en la serrant doucement, je me dirigeai dans le salon, jusqu'au canapé. Je m'installai sur le dernier et mon cadet de dix minutes fit de même juste après moi. Je lâchai doucement sa main et liai les miennes l'une dans l'autre en prenant une grande inspiration.

-J'espère que Johannes a prit soin de toi à ma place..., soupirai-je doucement.

Je ne voulais pas blesser Bill, mais je savais pertinament que, si jévoquais le prénom de mon voisin, il allait se sentir obligé de parler, que ce soit de ce qu'il a ou d'autre chose. Mais je ne voulais absolument pas lui faire de mal et ça, je le lui fis comprendre en le plongeait mon regard dans le sien d'une manière qui voulait tout dire: le fixant dans le blanc des yeux, il pouvait ainsi lire en moi à quel point je m'inquiétais pour lui, à quel point je l'aimais, à quel point il me manquait...

Effectivement, Bill retint son souffle. Il avait tellement peur que Tom s'en aille...s'il le faisait, l'androgyne s'en voudrait terriblement. Tout simplement parce qu'il n'aurait jamais le courage de faire le premier pas vers son double ensuite et que ce dernier n'allait pas lui courir après sans cesse.
Heureusement, le dreadé se contenta de prendre la main de son petit frère et entremêler leurs doigts. Lentement, il suivit son jumeau jusqu'au canapé et s'asseya à ses côtés. Avant, il se serait mit sur lui, ou se serait blotti dans ses bras, mais aujourd'hui Bill n'y arrivait pas. Un fossé s'était creusé entre eux, tout ça à cause du mannequin.
Tom semblait tellement triste, tellement anéanti. Bill ne supportait pas cette vision mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Il avait trop honte de lui. Trois ans loin de son frère..et il foutait encore tout en l'air.

-J'espère que Johannes a prit soin de toi à ma place...

Ca faisait mal d'entendre ça. Même si ce n'était pas dit en mal.
Bill soupira silencieusement en haussant les épaules. Evidemment, Johannes s'était occupé de lui, il avait prit soin de lui. Et tellement bien que Bill en était tombé amoureux. Lentement, il plongea son regard dans le sien et posa sa main sur celles de Tom, liées entre elles.

-J'suis désolé...Vraiment. J'passe beaucoup de temps avec lui, j'le sais.

C'était certainement ça le sous-entendu de cette phrase.
Bill connaissait son frère et il savait qu'il ne lâcherait pas le morceau concernant son mal-être. Le dreadé aidait toujours son cadet quand il le pouvait...et il le pouvait dans de nombreux cas.

-J't'oublie pas Tom. Je t'aime...

Evidemment, Bill aimait son frère. Il l'aimait énormément même mais ça ne servait à rien de lui dire, le dreadé le savait parfaitement. Doucement, le brun se mit tout contre son jumeau. Il avait osé. Sa tête reposait contre son épaule réconfortante pendant que sa main glissait entre ses cuisses en y entrainant les mains de son double en même temps. Tom allait peut-être l'interroger sur Johannes maintenant, ou peut-être pas mais l'androgyne ne parlerait pas. Il n'en avait pas la force. Quand il s'agissait de parler de ses sentiments, le mannequin était totalement fermé et refusait de s'ouvrir. Seul le dreadé avait ce pouvoir mais encore fallait-il qu'il comprenne le problème, et ce n'était pas gagné.

Ce petit haussement d'épaule voulait tout dire.. mais il ne signifiait pas la même chose que si c'était Paul ou Jacques qui l'avait fait, non. Là, il s'agissait de mon petit frère et je savais très bien que c'était une marque de gêne. Il ne voulait pas dire par là "Et alors? J'm'en fout, j'le vois si j'ai envie", loin de là. Je connaissais mon jumeau par coeur pour analyser chacun de ses gestes. Même un simple signe de tête pouvait dire beaucoup venant de sa part...
En attendant sa réponse -s'il en donnait une- je baissai ma tête pour fixer le sol entre mes pieds. Ma langue s'amusa à trifouiller mon piercing... et Bill était bien placé pour savoir que ce geste, je ne le faisais que dans trois circonstances: 1) le stress ou l'impatience, 2) la drague et 3) le mal-être. Et là, s'il avait prit le temps me regarder, il comprendrait très bien que c'était la troisième solution qui était appliquée ici. J'étais mal en moi-même, mal de perdre mon reflet petit à petit et mal de le rendre aussi triste...
Et là, je fus sorti de mes pensées analytiques en sentant et en voyant la main manucurée de mon frngin se poser sur les miennes. Cela me fit relever la tête et je croisai son regard, celui par lequel je comprenais tant de choses. Et je vis bien qu'il n'était pas loin de pleurer mon Billou. Comme d'habitude, il devait s'en vouloir et se détester...

-J'suis désolé...Vraiment. J'passe beaucoup de temps avec lui, j'le sais.
-Ah ça..., sifflai-je entre mes dents.

À peine ses paroles eurent-elles résonné dans le salon que je m'en voulus déjà. Je me mrdis la lèvre et me maudissai d'avoir sorti une phrase pareille. Ce n'était vraiment pas le moment d'envoyer des reproches à Bill, il n'avait pas besoin de ça. Mais c'était comme ça, j'étais de nature à être directe, parfois trop, et de toujours dire ce que je pense sans réfléchir aux conséquences de mes paroles. Heureusement, les mots qui sortirent ensuite de la bouche de mon double me montrèrent qu'il n'avait pas trop mal prit mon sifflement, à moins qu'il ne le montre pas.

-J't'oublie pas Tom. Je t'aime...

Et moi, comme un con, je ne trouvai pas la force de répondre à cette phrase, si touchante soit elle. Certe, elle me fit vraiment du bien. Entendre à nouveau un "Je t'aime" de sa part me montrait bel et bien que, non, il ne m'avait pas oublier malgré son éloignement soudain. Mais je ne sais pas ce qui se passait dans ma tête.. je ne parvins qu'à soupirer suite aux paroles de Bill.
Mais là, mon jumeau fit quelque chose auquel je ne 'attendais pas. Je ne pensais pas qu'il oserait agir ainsi s'il était rongé par la culpabilité. Il s'approcha de moi et se glissa contre mon corps pour poser sa tête sur mon épaule tout en entraînant mes mains avec la sienne. Surpris, je le regardai et finis par esquisser un tout petit sourire. J'ôtai une de mes mains de son emprise pour passer mon bras autour de ses épaule, entremêlant l'autre avec la sienne (de main xD). Je posai ensuite mes lèvres sur son front et lui murmurai, doucement:

-Je t'aime aussi.

Vous n'imaginez pas à quel point cela me soulagea de lui dire ça. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas pu lui dire ça et l'entendre me dire de même...
Je me dis ensuite que ce n'était vraiment pas le moment pour embêter Bill avec mes questions quant à son état qui semblait assez pitoyable. En ce moment, je crois qu'il avait plus besoin de réparer son "erreur" et de voir que, malgré le fossé creusé, j'étais toujours là pour lui et que je l'aimais toujours autant. C'est pour cela que je resserrai un tout petit peu son corps contre le mien avec mon bras et caressai doucement le dos de sa main avec mon pouce.

-Et je t'oublie pas non plus.. je t'oublierai jamais. Tu le sais..

Bill n'était jamais gêné face à son frère, ou très rarement. S'il avait envie de se mettre contre lui, il s'y mettait, s'il avait envie de l'embrasser, il le faisait. S'il y avait bien une personne sur cette terre pour qui l'androgyne ferait tout et n'importe quoi, c'était bien pour Tom. Pourquoi serait-il gêné de l'embrasser ou de se mettre contre lui alors que tous les deux étaient plus proches que n'importe quels autres frangins? Ca n'aurait aucun sens et le dreadé aurait dû le savoir. Bill avait senti sa surprise.
Heureusement, le blond fit vite de mettre son bras autour des épaules de son petit frère, tout en caressant sa main. Bill se sentait largement mieux maintenant, et ce baiser sur son front ne fit qu'augmenter son bien-être.

-Je t'aime aussi.

Le brun sentit son coeur bondir dans sa poitrine. Ca lui faisait du bien d'entendre ça. L'espace d'un instant, il aurait cru que Tom ne pouvait pas lui répondre la même chose, ou n'y arrivait pas. Bill n'en savait rien et il n'y avait pas réfléchi plus longtemps, se disant alors qu'il l'aurait sûrement mérité.
Tom ne se contentait même pas de ce "Je t'aime" si important malgré tout. Il resserrait Bill contre lui avant d'ajouter quelque chose de tout aussi touchant et vital pour le mannequin.

-Et je t'oublie pas non plus.. je t'oublierai jamais. Tu le sais..

Là, le beau brun ne pût se contenir plus longtemps. Il ferma doucement ses yeux maquillés en nichant sa tête dans le cou de son reflet et y laissa couler ses larmes, sans retenu. De toute façon, Tom avait déjà comprit depuis bien longtemps que son frère n'allait pas bien et qu'il se retenait de pleurer. Il crispa inconsciemment son corps tout entier et resserra sa main toute fragile sur celle de son double. Il avait tellement mal. Son coeur allait mal.
Bill craignait tellement d'être amoureux qu'il devenait complètement fou, il se renfermait sur lui-même, il ne voulait voir personne, juste dans le but d'oublier. Oublier qui il était et tout reprendre de zéro...mais c'était impossible. On ne peut pas nier de pareils sentiments.

-J'..j'le sais Tom..

Sa voix était tremblante et mal assurée. Il avala difficilement sa salive et renifla rapidement, espérant que Tom n'entende rien. Bien sûr, ce n'était pas possible. Déjà à cause des larmes de l'androgyne, qui dégoulinait dans son cou, recouvert par quelques dreadlocks...

Et voilà, je m'y attendais depuis un moment... Bill finit par craquer. Quand il nicha sa tête dans mon cou, je sentis déjà son souffle entre-coupé pas les pleurs glisser sur ma peau, mais je ne tarda pas à sentir également ses larms chaudes se réfugier entre mon épaule et mon cou. Son corps se crispait sous ma main et je l'entendis renifler. Mon coeur se serra brutalement, je détestais le voir comme ça.

-J'..j'le sais Tom..

Sentant mon dos me tirer doucement, je m'étendis à moitié sur le canapé, posant l'arrière de mon corps contre un acoudoir. Je ne relâchai pas le corps de mon frère, l'entrainant ainsi avec moi. J'étais dnc couché en travers sur le canapé, lui à moitié à côté de moi, à moitié sur moi. Sa tête était toujours glissée dans mon cou et je passai mes deux bras autour de son corps fluet pour le serrer contre moi. Qu'est-ce qu'un grand frère peut offrir de mieux que ses bras protecteur quand son cadet va mal? Je sais pertinament que le simple fait d'être dans mes bras rassurait mon Billou.
Je sentais bien que mon androgyne de frère refusait de dire ce qu'il avait, ce n'était pas la première fois qu'il n'osait pas me parler de lui. Mais avec le temps, je savais qu'il finirait par me dire ce qu'il se passait. Il ne tiendrait pas longtemps seul dans son coin, il avait besoin d'une oreille attentive et, généralement, cette oreille était la mienne. Il savait qu'il pouvait me faire confiance et il n'hésitait que très rarement à me dire en premier ce qu'il avait.
Une de mes main caressait délicatement son dos. On aurait dit que je tentais de calmer les pleurs d'un enfant... et dans le fond, c'était un peu cela. J'avais toujours joué le rôle du grand frère vis-à-vis de Bill et dans ce genre de situation, cela donnait l'impression que notre différence d'âge n'était pas de dix minutes mais de plusieurs années. Mais dix minutes ou pas, j'étais son grand frère et j'assumai parfaitement ce rôle, le prenant vraiment à coeur. Combien de fois l'avais-je protégé, aidé, rassuré? Je ne comptes même plus... Mon petit frère...

-Je sais que tu ne veux pas parler de ce qu'il ne va pas, murmurai-je doucement. Mais tu sais que je te jugerai pas ou quoi que ce soit. J'suis là pour t'écouter et t'aider.

Je tournai lat tête pour poser mes lèvres sur sa tempe alors que son visage était toujours caché dans mon cou. Son corps tremblait sous ma main à cause des pleurs discrets qu'il versait. Chaque larme me fendait un peu plus le coeur. Mon Dieu comme je détestais le voir comme ça...
Je restai ensuite ainsi alors qu'un silence s'était installé dans la pièce. Couché sur le canapé, lui à moitié par dessus moi, blottit dans mes bras, une de mes mains caressant son dos. Il n'y avait que le bruit de ses pleurs qui résonnait au milieu des cliquetits de la pluie contre les vitres.

Bill se laissait complètement aller. Tom avait beau bouger, l'androgyne lui, ne se déplaçait pas. Le dreadé s'en occupait de toute façon. Le mannequin n'était qu'une marionnette dans les bras de son double. Se retrouvant alors à moitié sur lui, Bill en profita pour passer son bras derrière sa nuque et se serrer un peu plus dans ses bras. C'était une place privilégiée...Qui d'autre que l'androgyne avait autant d'attention de la part de l'ainé des Kaulitz? Très peu de personnes certainement, voire absolument personne. Et c'était réciproque, malgré les apparences. En sentant les bras protecteurs de son reflet autour de lui, l'androgyne souffla doucement, dans le but de calmer ses pleurs. Pleurs qui ne cessaient pas le périple jusque dans le cou de son jumeau. Bill y mettait pourtant du sien, mais apparemment, rien ne le calmerait...ça faisait déjà trop longtemps qu'il pleurait, trop longtemps qu'il souffrait.

-Je sais que tu ne veux pas parler de ce qu'il ne va pas. Mais tu sais que je te jugerai pas ou quoi que ce soit. J'suis là pour t'écouter et t'aider.

Le brun hocha faiblement la tête, mais il lui faudrait du temps. Peut-être pas tant que ça, mais ne faudrait-il mieux pas que Bill se taise? Après tout, son double lui en voulait déjà de passer du temps avec Johannes alors si jamais il apprenait que son frère en était amoureux, il ne le supporterait peut-être pas. De peur de perdre un peu plus Bill...Le mannequin n'en savait rien mais de toute façon, le fait de laisser son frère dans l'incompréhension ne lui plaisait pas. Il imaginait la situation inverse...Si Tom n'allait pas bien et qu'il lui cachait, Bill deviendrait complètement fou et lui en voudrait terriblement. Oui, il lui en voudrait. Parce qu'il penserait que son jumeau refuse de se confier. Et au fond, c'était ce qu'il se passait.
Alors lentement, Bill avala sa salive et lâcha ses quelques mots.

-C'est..c'est Johannes.

Encore lui, décidemment...
Malheureusement, Bill n'avait pas le courage d'en ajouter plus et Tom risquait de croire de mauvaises choses. L'androgyne pleurait à chaudes larmes, et plus encore une fois que le prénom de son ami fût prononcé. Ce n'était pas difficile de croire que le chanteur aurait fait quelque chose de grave, de méchant, et pourtant ce n'était pas le cas. Le mannequin prenait très mal le sentiment qu'il éprouvait mais Johannes n'y était absolument pour rien...Il fallait que Bill se fasse une raison, voilà tout.
Bill avait des pleurs un peu plus bruyants maintenant. Il se serra un peu plus contre son frère, l'écrasant presque puis passa faiblement l'un de ses mains sur ses joues, complètement trempées et tracées de maquillage noir.

Chaque goutte débordant de ses yeux, chaque larme glissant sur ses joues, chaque larmes rejoignant mon cou enfonçait d'un cran le couteu planté dans ma chair. Vous, oui vous... vous ne pouvez pas savoir ce que c'est d'avoir un jumeau. Avoir une personne similaire à vous-même, une personne aprtageant les moindres instants de notre vie depuis notre naissance, une personne de même sang que vous, ... Vous ne pouvez pas comprendre ce lien qui nous unit depuis bien longtemps, quand nous n'étions encore qu'une rencontre de deux gamettes, au chaud dans le ventre de notre mère. Vous ne pouvez pas comprendre ce lien qui fait qu'à chaque fois qu'un de nous pleure, l'autre a mal aussi, quand un de nous rigole, l'autre se sent heureux aussi... Le partage, la vie de jumeaux ne s'explique pas, ne se comprend pas. Non, cela se vit.
Son corps tout fluet, tout fargile tremblait contre le mien. Ses pleurs se faisaient de plus en plus forts, de plus en plus nombreux à descendre pour se coller à la peau de mon cou. Cela faisait bien longtemps que je ne l'avais pas vu dans un tel état, je crois que c'est en partie pour cette raison que mon coeur se tordait, criait de souffrance. Je ne pouvais pas supporter la vision de mon reflet entrain de pleurer à chaudes larmes comme maintenant.

-C'est..c'est Johannes.

Là, je me reçu une claque phénoménale. Comment un être aussi adorable, aussi gentil que Johannes pouvait être la cause de l'état de souffrance de mon frère? Là, je ne comprenais vraiment pas, rien du tout.. perdu le Tomi. Sur le coup, je restai littéralement "sur le cul".
Je le sentis se resserrer encore contre mon corps alors que ses pleurs redoublaient d'intensité. Là, je commençais vraiment à paniquer. Qu'e c'était-il passer pour que Bill pleure si fort et si longtemps? Dans tous les cas, cela ne devait pas être pour de la gnognote.
Interloqué par le mini-riquiqui début d'explication de mon frangin, je l'incitai à continuer et emprisonnant son frêle corps avec mes bras, le serrant doucement contre moi. Je savais pertinament que, dans des moments pareils, Bill avait besoin de contact rassurant, de contact lui montrant que j'étais là, pour lui et pour toujours. Je ne me faisais donc jamais prier pour coller mon corps au sien en l'encerclant de mes bras.

-Bill, chuchotai-je en passant une de mes mains sur son visage pour dégager une de ses mèches noires, si ça te fais trop de mal d'en parler, attends le bon moment. Je suis pas pressé...

Ah ça, je préférai de loin voir mon frère calmer ses pleurs et parler que de le voir, au contraire, parler pour ensuite pleurer d'avantage.

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